TRANSFERTS D’ARGENT - La diaspora restructure les envois vers les familles

La diaspora malgache change de cap. Réunis lundi 30 juin au Kudeta Urban Club, à l’initiative de l’OIM et de l’Union Africaine, les participants à la table ronde du projet SDE4R (Structuration de l’engagement de la diaspora pour une résilience renforcée) ont lancé un appel fort : « Il est temps de dépasser le simple soutien familial » et de faire des transferts de fonds un levier de développement.

En 2023, ces flux financiers vers Madagascar sont estimés entre 550 et 600 millions de dollars, représentant près de 4 à 5 % du PIB. Jusqu’à présent, ces envois d’argent servaient principalement à soutenir les familles restées au pays. Mais la tendance évolue : la diaspora veut aujourd’hui structurer ses transferts pour stimuler des investissements productifs. Face aux défis auxquels Madagascar fait face, notamment l’insécurité, le changement climatique et la croissance démographique, le projet SDE4R, appuyé par la Banque Africaine de Développement, ambitionne de rediriger ces ressources vers l’économie réelle.

Pour cela, la confiance entre diaspora et institutions doit être renforcée. Les participants ont pointé du doigt un cadre réglementaire encore flou, et des démarches administratives décourageantes. Parmi les pistes proposées figurent la mise en place d’un guichet unique au sein du ministère des Affaires étrangères, le développement du mobile banking, l’essor des solutions fintech et un meilleur accès au crédit.

« Nous voulons investir dans notre pays, mais il est difficile de faire confiance aux institutions et de comprendre les démarches nécessaires », confie un entrepreneur malgache installé à l’étranger.

Autour de la table étaient réunis des représentants du gouvernement, de la Banque centrale, d’institutions financières et d’organisations de la diaspora. Tous ont insisté sur l’urgence de faire des transferts un pilier de la politique économique.

« Il faut dépasser le simple transfert d’argent pour créer un lien durable avec la diaspora, afin qu’elle devienne un acteur économique à part entière », a expliqué Roger Charles Evina, chef de mission de l’OIM à Madagascar.

Le ministère des Affaires étrangères a confirmé son intention d’accompagner ce mouvement.

Irina Tsimijaly

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