PRODUCTIVITÉ   - Les jours fériés affectent l’économie informelle

Le marché de Behoririka avec les marchands encore en activité. 

Le jour férié du 23 avril prolonge le week-end pascal. Cependant, il inquiète les petites entreprises et travailleurs informels, pour qui chaque jour sans activité entraîne une perte de revenu.

Pause prolongée. Le jour férié du 23 avril, décrété à l’occasion du Sommet de la COI, prolonge le week-end pascal à Madagascar. Si cette coupure exceptionnelle est bien accueillie par les salariés du secteur formel, elle soulève des inquiétudes chez les petites entreprises et les travailleurs informels. À Antananarivo et dans d’autres grandes villes, l’ambiance est au relâchement. Entre le lundi de Pâques et le mercredi férié pour raison diplomatique, c’est presque une semaine complète de congé rémunéré qui s’offre aux salariés du secteur formel. « On profite d’un repos prolongé sans perdre de revenu. C’est rare et franchement bienvenu », confie Clara, employée dans une société de télécoms à Antananarivo. Mais cette respiration sociale n’est pas partagée par tous. Dans les quartiers populaires, la réalité est toute autre. Madagascar compte plus de 2,4 millions d’unités économiques informelles, contre seulement 332 000 entreprises formelles, selon le Fivmpama. Pour cette majorité silencieuse, un jour sans activité est un jour sans revenu. 

« Ce n’est pas férié pour nous, c’est juste fermé. Et quand tout est fermé, on ne vend rien», déplore Justin, vendeur ambulant à Analakely. 

Ralentissement

La situation est d’autant plus tendue que des marchés comme celui d’Andravoahangy seront exceptionnellement fermés mercredi, pour des raisons logistiques liées au sommet. Derrière l’aspect festif de cette série de jours fériés se cache un ralentissement économique préoccupant, surtout pour les PME et les travailleurs indépendants. Mais certains secteurs y voient aussi une opportunité. Les petites et moyennes entreprises, qui forment l’essentiel du tissu économique malgache, peinent à encaisser ces coupures prolongées. Avec seulement trois jours ouvrés sur sept, la productivité est en chute libre. « Nos charges ne disparaissent pas, mais nos revenus chutent. Trois jours travaillés ne suffisent pas à tout rattraper », explique Tahina. Certaines entreprises essaient d’anticiper: télétravail, rotations, ou ajustement du calendrier. Mais dans un environnement souvent soumis à des coupures d’électricité ou à des contraintes logistiques, ces solutions restent limitées. À l’inverse, le tourisme, la restauration et les services de loisirs enregistrent une hausse d’activité. « Pendant les ponts, notre restaurant est plein. Les familles sortent, les gens voyagent. C’est une période clé pour nous », se réjouit Miora,  responsable à Vohitriniaina, Vontovorona. 

À long terme, la question des jours fériés consécutifs pose un enjeu de gouvernance économique sur le fait de comment préserver le bien-être social sans freiner l’élan d’un tissu économique encore fragile. Trouver cet équilibre sera crucial pour éviter que les pauses collectives ne se transforment en déséquilibres durables.

Irina Tsimijaly

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