Les syndicats de la Jirama dénoncent une réforme imposée sans concertation, craignant un doublement du prix de l’électricité. Ils demandent un dialogue pour éviter une réforme aux dépens des usagers.
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Des employés de la Jirama lors de leur Assemblée générale tenue cette semaine. |
Les syndicats de la Jirama alertent : la transformation de l’entreprise en société anonyme à vocation commerciale pourrait entraîner un doublement du prix de l’électricité. Réalisée sans consultation préalable, cette réforme soulève de vives inquiétudes quant au poids financier qui pourrait désormais peser sur les usagers.
Conformément à la loi 2014-014, la Jirama a officiellement changé de statut pour devenir une société anonyme commerciale. La décision a été publiée au Journal officiel, à l’insu des syndicats et même du directeur général de la société.
Selon les employés, cette transformation ouvre la voie à l’entrée d’opérateurs privés, dont l’objectif principal serait la rentabilité. Actuellement, la Jirama enregistre une perte mensuelle de 75 milliards d’ariary. Elle encaisse 95 milliards, mais en dépense 170, dont 120 milliards uniquement pour l’achat d’énergie et le carburant. Jusqu’à présent, l’État compensait ce déficit. Si ce soutien devait disparaître au profit d’intérêts privés, ce sont les abonnés qui devraient combler l’écart.
« Avec ce nouveau statut, la Jirama ne sera plus un service public, mais deviendra une entreprise tournée vers le profit. Le prix du kilowattheure risque de doubler. Même en gardant la même consommation, les gens paieront deux fois plus », avertit Anmora Ratovomanarivo, porte-parole des syndicats.
Les syndicalistes affirment que le directeur général de la Jirama lui-même n’était pas informé de ce changement : « Nous lui avons posé la question. Il nous a répondu qu’il n’avait pas été consulté. Cela montre que même la direction n’a pas été impliquée dans cette décision », déplorent-ils.
Un vrai dialogue attendu
Cette opposition n’est pas nouvelle. Il y a quatre jours, le collectif syndical avait déjà dénoncé ce changement de statut et demandé le retrait du texte. Ils estiment que cette réforme menace la mission sociale de la Jirama et risque d’aggraver les inégalités d’accès à l’eau et à l’électricité.
Ils réclament désormais une rencontre directe avec le président de la République. À défaut, ils annoncent qu’ils passeront à une grève, à une date qu’ils jugeront opportune.
D’autres syndicats leur ont déjà apporté leur soutien, notamment la Solidarité Syndicale de Madagascar (SSM), le syndicat Randrana, ainsi que des représentants de la société civile et des associations de défense des consommateurs.
« Nous refusons la privatisation. Le secteur privé cherchera le profit, et ce sont les usagers qui en subiront les conséquences », affirme Barison Rakotomanga, président de Randrana.
Le collectif rappelle que la Jirama peut encore être redressée, à condition d’instaurer un véritable dialogue social.
« Nous ne bloquons pas le développement. Mais nous demandons que la réforme se fasse avec les employés, pas sans eux. Et surtout, pas contre les citoyens », concluent-ils.
Irina Tsimijaly