Le transport urbain à Antananarivo s’apprête à changer de visage. Les coopératives ont jusqu’en juillet 2026 pour se transformer en sociétés, conformément à une décision de l’État.
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Les bus qui vont faire partie du Zotra Fitaratra. |
La FMA, ou Fikambanan’ny Mpitatitra Antananarivo, se prépare à une transformation majeure. D’ici juillet 2026, toutes les coopératives devront devenir des sociétés légalement constituées – SARL, SA ou GIE – si elles veulent continuer à opérer sur les lignes de transport public dans la capitale. D’après les informations recueillies, cette mesure figure dans la loi de finances depuis deux ans.
Ce changement s’inscrit dans le cadre du projet présidentiel de modernisation du secteur, soutenu par l’État et mis en œuvre par l’Agence des Transports Terrestres (ATT). L’objectif est de professionnaliser les opérateurs, d’améliorer la qualité de service et d’intégrer un système plus formel. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en mai 2025 pour sélectionner des sociétés capables de gérer la nouvelle ligne Zotra Fitaratra, qui reliera Amoronakona à Ankorondrano.
La nouvelle organisation prévoit l’arrivée de 300 bus neufs de marque Foton, dont 30 ont déjà été livrés en juin. Ils sont financés par le Fonds Souverain Malagasy, pour un coût estimé à 300 millions d’ariary par véhicule. Ces bus seront équipés de GPS et de billetterie électronique. Le tarif passera à 1 500 ariary.
Hariniaina David Ralambomanana, président de la coopérative Sitraka, confirme la direction prise : « À partir du 31 juillet 2026, seules les sociétés auront le droit d’exploiter les lignes. Les coopératives ont un an pour se restructurer. »
Un groupement d’intérêt économique (GIE) regroupera les sociétés membres de la FMA. Chaque opérateur conservera une part dans la gestion, mais devra suivre des règles strictes : respect des horaires, nombre de rotations, état des véhicules, etc.
Selon Ralambomanana:« Ceux qui veulent profiter des nouveaux bus doivent devenir une société. Sinon, ils seront exclus du système. »
Méfiance
Bien que le projet soit lancé, de nombreuses incertitudes persistent chez les propriétaires de véhicules actuels, en particulier ceux exploitant des Sprinter. Le changement de statut implique des coûts et des engagements nouveaux, que certains hésitent à assumer.
Mme Mbola, membre d’une coopérative, exprime ses inquiétudes :« On ne sait pas ce qu’on va faire de nos Sprinter. Est-ce qu’on doit les vendre ? Est-ce qu’ils seront exclus du réseau ? »
Plusieurs transporteurs critiquent aussi la différence de traitement sur les tarifs : « On avait demandé une hausse de 600 ariary, on nous a dit non. Maintenant, on parle de 1 500 ariary avec les nouveaux bus. C’est difficile à comprendre», poursuit-elle.
D’autres membres sont également réticents face à la rapidité de la restructuration : « Tout va trop vite. On nous demande de devenir une société, de prendre des crédits, sans nous garantir qu’on aura une ligne à exploiter. »
Le projet avance, mais la transition ne fait pas l’unanimité. Beaucoup attendent encore des garanties concrètes avant de s’engager pleinement dans cette nouvelle phase du transport public à Antananarivo.
Irina Tsimijaly