Porc, poulet, chien : les trois animaux caractéristiquement austronésiens (et que n’ont pas manqué de domestiquer nos lointains ancêtres venus d’Asie du Sud-Est, bien avant que Christianisme et Islam n’y fassent incursion) n’ont pas de glandes sudoripares et ne transpirent donc pas. Ils souffrent davantage sous un climat aride ou semi-aride, comme celui qui sévit au Moyen-Orient. Région où naquirent les trois Religions du Livre.
Certaines recherches (cf. The Middle East. The Cradle of Civilization, par Dr. Stephen Bourke, Thames & Hudson, 2018) supposent que le réchauffement climatique, qui frappa le Moyen-Orient, au 3ème Millénaire avant notre ère, est à l’origine de la proscription de la consommation de la viande porcine parmi les peuples sémitiques. De tous les animaux domestiques de la région, seul le porc exigeait une grande quantité d’eau : aussi bien pour sa consommation que pour rafraîchir sa peau. En période de sécheresse, s’il est possible de trouver encore assez d’eau pour des chèvres ou des moutons, voire le bétail et les ânes, l’eau pour abreuver le porc devenait problématique alors que l’eau constitue également une part fondamentale de son alimentation. Processus classique qui consacre par un «fady», tabou, une nécessité logistique dictée par des contraintes écologiques et environnementales.
Reprenant à leur compte de vieilles traditions juives («Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourché, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur : Lévitique, 11,7 ; Deutéronome, 14,8), les auteurs de la Bible chrétienne perpétuent cette péjoration du porc. Jésus est dit avoir envoyé les deux démoniaques sortant des sépulcres dans un troupeau de pourceaux qui se noya dans le lac (Matthieu, 8, 28-33; Marc, 5, 12-13). Plus tard, c’est sur cette vieille coutume sémitique que se basèrent à leur tour les prédicateurs de l’islam.
«Prête l’oreille, berger d’Israël» (Psaumes, 80, 2). À la suite de la Bible hébraïque, les trois Religions du Livre privilégient le mouton : sa docilité, sa soumission inconditionnelle, son obéissance aveugle. Les Juifs soufflent dans des cornes de béliers, lors des fêtes de Roch Hachana et de Yom Kippour ; les Chrétiens mangent l’agneau à Pâques ; les Musulmans sacrifient l’agneau à l’Aïd le-Kebir. Sans doute également qu’aux cris d’indignation du porc, préfèrent-ils la servilité suicidaire du mouton : «Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Il n’a point ouvert la bouche» (Actes 8, 32).
C’est oublier ce qui advint à Simon surnommé Pierre, alors qu’il était à la prière de la sixième heure. Tombant en extase, «il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais, Pierre dit : Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois, la voix se fit encore entendre à lui: Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé» (Actes, 10, 9-15).
Nasolo-Valiavo Andriamihaja