La beauté de Tsarabanjina. |
Par tradition, seule la partie occidentale de Nosy Be est considérée comme renfermant des sites étonnants et des attractions touristiques comme les îlots de Tanikely, Sakatia, Iranja... Dans sa partie orientale, se cachent des beautés et des trésors peu apparents qui attirent également de nombreux touristes. On veut parler de l’archipel de Mitsio dont la biodiversité marine exceptionnelle est menacée par des pratiques de pêche non durables, l’exploration pétrolière, une industrie touristique en plein essor et la destruction de la mangrove pour la production de charbon de bois notamment.
Kobaby. Ce mot signifie dans le dialecte régional « prendre soin » ou « protéger ». C’est aussi l’intitulé du projet décentralisé de renforcement des aires protégées et de développement local dans la région Diana. Il soutient activement la Wildlife Conservation Society (WCS) dans la protection des océans, et notamment le développement des nouvelles Aires marines protégées (AMP) à Madagascar. Nosy Be en fait partie par Ankivonjy et Ankarea, des aires protégées prioritaires et subventionnées par Kobaby.
Celui-ci a pour finalité la conservation des ressources naturelles et le développement économique durable de la région Diana, à travers le renforcement de ses aires protégées. Dans cette optique, une mission a effectué à Nosy Mitsio afin d’évaluer la mise en œuvre du Plan d’aménagement et de gestion, des facteurs bloquants et des facteurs de succès des réalisations. Cette mission a vu la participation de l’équipe de la Direction des aires protégées, des ressources naturelles renouvelables et écosystèmes dirigée par son directeur, Tojo Ratefason. Ce dernier tient d’ailleurs le rôle de point focal pour le projet. La direction régionale de l’environnement et du développement durable a aussi figuré dans la mission ainsi que les techniciens du projet Kobaby conduits par la coordonnatrice, Hanta Rabetaliana.
L’hôtel construit avec des matières locales. |
Tsarabanjina, l’îlot du sable blanc
L’archipel des Mitsio, situé à 45 miles au Nord-Est de Nosy Be, à deux heures de traversée en vedette rapide, compte de nombreux îlots formés de rochers et hauts fonds qui écument la mer. Selon Sophia Rakotoharimalala, responsable de WCS de Nosy Be, ils sont au nombre de seize, mais seuls deux sont habités, le Grand Mitsio et Tsarabanjina.
Ce dernier, dont le nom signifie « île du sable blanc » en malgache, est la première île que l’on rencontre en venant du Sud. Tsarabanjina est entourée d’une barrière corallienne incroyable où l’on observe une grande variété d’animaux et de végétaux. Les fonds marins, constitués d’un sable blanc immaculé et de coraux colorés, laissent se refléter la lumière sur la surface de l’eau dans une mosaïque de couleurs chamarrées, allant de l’émeraude au bleu foncé.
Côté tourisme, cet île-hôtel est un havre de paix, un petit îlot montagneux et verdoyant serti de longues plages de sable blanc, hors du temps. Là-bas, pas de télévision ni de contrainte vestimentaire, seul le bruit des vagues et des oiseaux pour se ressourcer dans un confort simple mais douillet. Géré par le groupe Constance, l’horloge est réglée une heure à l’avance par rapport à celle de Madagascar pour correspondre à l’heure de Maurice. Mais pour être un citoyen de Tsarabanjina, il faut être millionnaire car une nuitée coûte 850 euros. Ses clients se douchent avec l’eau de mer décristallisée à l’aide d’une station de décristallisation…
Côté conservation, l’hôtel a un grand projet qu’il a mis en œuvre avec l’Agence française de Développement qui finance le projet Kobaby. Tsarabanjina soutient les trois principaux points de suivi écologique, notamment les sites de ponte de la tortue marine et la recharge de bouteilles de plongée des scientifiques. Dans la pratique, les marins biologistes de l’établissement, présents sur l’île 24h /24, supervisent les endroits dans le but de trouver les nids de ponte et ils essaient de recompter le peuplement à partir de ce recensement.
Suivis systématiques
« Ils font aussi de la plongée découverte dans les zones et la présence de l’équipe aide le WCS dans le suivi. Ils peuvent l’alerter en cas de blanchissement des coraux », explique Sophia Rakotoharimalala .
Parallèlement, l’hôtel Tsarabanjina est en train de nettoyer des déchets plastiques trouvés sur l’île . Le but est de pouvoir valoriser la beauté de ce site et des efforts mis en place.
Selon le directeur de l’établissement, Lucas, son hôtel contribue également à la protection du noyau dur de l’archipel, qui est le récif corallien. Actuellement, l’état du récif d’Ankarea s’améliore suivant les résultats scientifiques obtenus après des suivis systématiques effectués dans les noyaux durs. Bref, l’hôtel cinq étoiles contribue à la préservation et à la conservation de la biodiversité marine de l’archipel Mitsio.
Car les pêcheurs locaux profitent des nouvelles mesures de la gestion des pêches adoptées par le ministère de la Pêche et de l’Économie bleue. Ils ont le droit d’accès prioritaires pour l’exploitation des ressources halieutiques adjacentes à leur village et de la surveillance communautaire des aires concernées au niveau des sites pilotes. Tous les produits, essentiellement les langoustes, doivent être frais et vivants. L’hôtel refuse s’ils ne respectent pas la taille conforme au respect de décision de cette région.
Réunion avec les habitants adultes qui ont suivi les cours d’alphabétisation. |
De rares refuges pour la faune marine
Le paysage harmonieux d’Ankarea se trouve à 50 km au Nord-Est de Nosy Be et fait partie du centre de la biodiversité exceptionnelle du nord du Canal de Mozambique. Sur le plan administratif, l’AMP est rattaché à la commune rurale d’Antsohimbondrona, dans le district Ambilobe. D’une superficie totale de 173 690 ha, elle est composée de la grande île Mitsio qui comprend vingt-cinq hameaux s’étendant sur quinze kilomètres, du Nord au Sud, et douze kilomètres d’Est en Ouest, et d’archipel de seize îles inhabités, sauf Nosy Tsarabanjina qui est occupé par un hôtel.
L’objectif du passage à Tsarabanjina est que l’hôtel, tout en étant un grand établissement à Madagascar, fait partie intégrante des acteurs, des parties prenantes dans la protection de l’Aire marine protégée d’Ankarea . Le WCS est mandaté par le ministère pour la cogérer avec la communauté locale. Il a obtenu l’appui financier du projet Kobaby.
Le parc marin d’Ankarea, comme d’Ankivonjy, représente quelques-uns des rares refuges restants dans l’océan Indien occidental pour les dugongs, les requins-baleines, les poissons-scies et l’aigle pêcheur de Madagascar. Les cibles de conservation sont : les récifs coralliens, les poisson-scies, les coquillages, en particulier le Turbo et le Charonia Tritois, les groupes de requins et les raies ; les oiseaux marins qui incluent l’aigle pêcheur, endémique, classé en danger critique d’extinction ; un sanctuaire pour les tortues marines localement sacrées ; enfin, les mammifères marins dont une population saine et abondante de petits cétacés côtiers.
Menacée
C’est encore le projet Kobaby qui a financé le WCS pendant cinq ans pour mettre en œuvre le plan de gestion de l’AMP. C’est l’intérêt de voir la concrétisation de ce projet et les impacts apportés par les mesures de conservation aussi bien pour la faune marine que pour la communauté locale.
Cette biodiversité marine exceptionnelle est menacée par des pratiques de pêche non durables, l’exploration pétrolière, une industrie touristique en plein essor et la destruction de la mangrove pour la production de charbon de bois notamment. Les parcs marins travaillent directement sur la protection du patrimoine culturel et la promotion du développement socio-économique durable afin de contribuer à la réduction de la pauvreté.
L’objectif de sa création est d’assurer la protection et le maintien à long terme de la biodiversité, du patrimoine culturel et des services écologiques, ainsi que de promouvoir un développement socioéconomique durable pour contribuer à la réduction de la pauvreté en faveur de la population locale.
Raheriniaina