L’année 2025 a été le théâtre d’une énième crise politique qui a secoué le pays, avec la pénurie d’eau et d’électricité comme élément déclencheur. Une crise qui, une nouvelle fois, a mené à un changement de régime.
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| Le colonel Michaël Randrianirina (au milieu), lors de l’entrée en scène des militaires, le 11 octobre. |
Refondation. Ce mot martelé partout et est assaisonné à toutes les sauces, dans tous les secteurs, et par quasiment tout le monde dans le pays depuis la prise de pouvoir des militaires, le 14 octobre. Le changement de régime, conséquence des manifestations qui ont démarré le 25 septembre, à Antananarivo, est le principal fait marquant de l’année 2025.
Cette année, qui est en passe de toucher à sa fin, a été le théâtre d’une nouvelle crise politique avec son lot de casses et de pillages. Une crise dont le dénouement est un énième changement de pouvoir hors du cadre constitutionnel et sans élection. Bien que le nouveau régime ait été ensuite adoubé par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), la décision du 14 octobre a octroyé une onction constitutionnelle à la nouvelle administration étatique.
Exit alors Andry Rajoelina, ancien président de la République, et sont entrés en scène le colonel Michaël Randrianirina, qui porte le titre de président de la Refondation de la République. Au sommet de l’État, il est auréolé de quatre autres officiers supérieurs qui portent le titre de hauts conseillers de la refondation de la République, ayant un statut de chef d’État. Les cinq colonels ont été à la tête des éléments du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (Capsat), qui ont rejoint les manifestants le 11 octobre.
L’entrée en scène des militaires a été décisive dans la chute de l’administration Rajoelina. Elle a contribué à abréger la crise. Un fait est noté par les observateurs : l’ancien Président a été déposé de son siège en moins d’un mois. Un fait inédit dans l’histoire des crises politiques cycliques qui ont secoué le pays.
Une autre singularité des manifestations de septembre-octobre est qu’elles découlent d’une crise sociale.
Attentes
Excédés par la pénurie d’eau et d’électricité, entre autres, les citoyens ont massivement répondu à l’appel à manifester émis par Alban Rakotoarisoa, Lily Rafaralahy et Clémence Raharinirina, alors conseillers municipaux d’Antananarivo à l’époque. Il s’agit également du résultat de la mobilisation massive des jeunes menée par le mouvement GEN Z Madagascar via les réseaux sociaux. Les jeunes, la GEN Z en tête, ont rapidement pris le lead des manifestations, qui ont fait tache d’huile dans les principales grandes villes du pays.
L’engagement des jeunes au front et dans la conduite des actions est l’autre trait de caractère de la crise de cette année. La GEN Z et d’autres associations de jeunes ont éclipsé les politiciens. Néanmoins, les revendications politiques se sont rapidement ajoutées aux exigences sociales. Outre demander le départ de l’ancien Président, l’effectivité des droits et libertés démocratiques et citoyennes a été exigée. Plus de transparence dans la conduite des affaires étatiques, la lutte contre la corruption, le renouveau du système étatique et de la gouvernance publique ont aussi été réclamés.
En plus des problèmes sociaux, les scandales et les multiples suspicions d’enrichissement illicite et d’abus de pouvoir ont fragilisé l’administration Rajoelina. Les dirigeants de la Transition ont ainsi traduit et résumé les exigences des manifestants par le concept de la “Refondation de la République”, en s’engageant à rompre avec les mauvaises pratiques antérieures. Une initiative ambitieuse et louable qui a fédéré la majorité de l’opinion, de prime abord.
La refondation suscite de nombreuses attentes, mais aussi de la vigilance de la part des citoyens, notamment des jeunes qui ont manifesté. Ils scrutent les moindres faits et gestes des nouveaux tenants du pouvoir. Tout comme en septembre et octobre, c’est sur les réseaux sociaux qu’ils font part de leurs observations de la nouvelle gouvernance étatique. Jusqu’à ce jour, les avis sont mitigés sur le cheminement du renouveau, de la refondation martelée. Pour beaucoup, le colonel Randrianirina doit redresser la barre. Sauf s’il a une autre voie en tête.
Garry Fabrice Ranaivoson

Changement de régime ... pour grossir ... ou pour maigrir , telle est la question ???
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