GRANDES MINES - Un avenir incertain pour QMM

Une cession des actifs du groupe Rio Tinto a été enclenchée ce mois de décembre. La filiale Qit Madagascar Minerals patauge entre l’idée de maintenir le cap ou d’embrasser l’incertitude. 

Le site de Mandena à Tolagnaro.

Depuis que les premiers bruits de couloir ont fusé, les tractations se déroulaient déjà en coulisses. La nouvelle a finalement été confirmée par Simon Trott, nouveau PDG de Rio Tinto. Il a annoncé, début décembre à Londres, lors d’une conférence destinée aux investisseurs, la cession d’actifs du groupe. Une restructuration stratégique visant à valoriser les divisions les plus rentables au détriment des moins productives. Parmi ces dernières figure le titane, matériau exploité par la filiale de Rio Tinto, QMM, à Tolagnaro.

Dans ses grandes lignes, la nouvelle politique de Rio Tinto évoque une « libération opportuniste de 5 à 10 milliards de dollars à partir de la base d’actifs existante ». Des agences de presse avaient rapporté plusieurs éléments concernant la situation. « Le groupe minier se recentre sur le fer, l’aluminium, le lithium et le cuivre, tout en soumettant d’autres activités, notamment le titane, à un examen stratégique, ce qui soulève des questions quant à l’avenir à long terme de son projet d’ilménite à Madagascar », écrivait l’Agence Ecofin début décembre.

Pression financière

Des analystes du secteur expliquent que cette décision de céder les actifs de Rio Tinto liés aux activités d’extraction de titane résulte de plusieurs difficultés de marché. « La division minéraux de l’entreprise, qui regroupe les actifs liés au titane, a enregistré une baisse substantielle de 24 % de son EBITDA [un indicateur financier qui mesure la performance opérationnelle d’une entreprise, NDLR] l’an dernier», selon les derniers rapports financiers. En d’autres termes, la rentabilité s’est fortement dégradée. Cela génère une pression financière supplémentaire pour le groupe, dont une large part du marché est dominée par la Chine, qui contrôle plus de 50 % de la capacité de production mondiale. « La faiblesse prolongée des marchés du titane, conjuguée à l’augmentation des capacités de production en Chine, a fondamentalement modifié le paysage concurrentiel des producteurs traditionnels », notent les analystes du secteur, familiers des caprices de ce marché.

Une situation qui fait planer l’incertitude sur les activités de QMM. Pour la première fois depuis un certain temps, la firme a suspendu ses activités minières sur le site de Mandena, à Tolagnaro, et a fermé ses bureaux de représentation à Antananarivo. Il s’agit d’une fermeture temporaire d’un mois, du 1er décembre au 5 janvier 2026.

Ainsi, la filiale malgache de Rio Tinto traverse une phase d’incertitude majeure, malgré des investissements dans la décarbonation, tels que des projets éoliens, ainsi que le versement de 13,7 millions de dollars de dividendes à l’État malgache au premier semestre. Face à la chute mondiale des prix de l’ilménite et à une instabilité politique locale, Rio Tinto a officiellement placé ses actifs titane sous revue stratégique en vue de la cession d’actifs non stratégiques, afin de se recentrer sur le fer, le cuivre et le lithium. Bien que la mine fonctionne toujours, sa rentabilité fragile et la restructuration globale de Rio Tinto rendent désormais très probable sa vente à d’autres firmes.

Itamara Otton

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