Selon l’ambassadeur Abe Koji, depuis le début de son exploitation, le projet Ambatovy n’a pas encore dégagé de bénéfice. Par ailleurs, le diplomate reconnaît que l’exploitation fait face à différents problèmes.
| Une prise de vue du site d’Ambatovy. |
“C’est dur. Plus de dix ans de pertes, c’est dur.” Ces mots ont été prononcés avec un profond soupir par Abe Koji, ambassadeur du Japon, en réponse à une question sur le projet Ambatovy, hier, durant une conférence de presse à sa résidence à Ivandry. Des mots avec lesquels il a également conclu cette sortie médiatique organisée pour mettre un point final à son mandat à Madagascar.
Durant cette conférence de presse, le diplomate japonais a déclaré que “depuis le début de son opération, le projet Ambatovy n’a jamais dégagé de bénéfice”. Une phrase qui a étonné l’assistance, mais qui confirme le fait que l’entreprise est toujours dans le rouge. Lors de cette rencontre avec les journalistes, l’ambassadeur Abe Koji a dressé un bilan de la coopération malgacho-nippone après ses trois ans dans la Grande Île.
À l’entendre, le représentant diplomatique japonais a souhaité booster la coopération économique entre les deux pays. Sur ce point, le projet Ambatovy est un sujet incontournable. Il s’agit du plus grand investissement privé à Madagascar, mais aussi du plus important investissement minier japonais en Afrique, via la participation de Sumitomo Corporation au projet. En quelques chiffres, il s’agit de 9 milliards de dollars d’investissements et d’environ dix mille emplois directs.
En 2022, les exportations de nickel et de cobalt d’Ambatovy représentaient 30 % du total des exportations de Madagascar, selon les chiffres de l’ambassade du Japon. Les opérations de production de lingots de ces minerais en vue de leurs exportations ont démarré en 2012. Comme l’affirme l’ambassadeur Abe Koji, donc, Ambatovy n’a dégagé aucun bénéfice depuis. Depuis plusieurs mois, les informations, tant officielles qu’officieuses, font état des difficultés rencontrées par ce projet.
Une vitrine
Le principal problème qui plombe la performance d’Ambatovy est d’ordre financier. La chute des cours du nickel et du cobalt sur le marché mondial impacte sensiblement la rentabilité du projet. Dans un article publié le 29 novembre 2024, l’Agence Ecofin indique que “les pertes totales accumulées par le groupe sur ce projet sont évaluées à près de 2,7 milliards de dollars”. Le texte rapporte aussi que “Sumitomo a réduit à zéro la valeur comptable de la mine dans ses comptes pour l’exercice clos en mars 2024, tout en déclarant une dépréciation de 584 millions de dollars”.
Les problèmes opérationnels s’ajoutent aux casse-têtes financiers. Toujours en 2024, il y a eu une baisse du volume exporté par Ambatovy. Par ailleurs, la réparation d’un tronçon du pipeline transportant le minerai, en raison d’une fuite, a entraîné un arrêt de la production durant près d’un mois, entre septembre et octobre 2024. Malgré les difficultés, les indiscrétions indiquent que les actionnaires et les responsables du projet s’activent pour maintenir le projet à flot.
Toutefois, hier, l’ambassadeur Abe Koji a affirmé que “le projet Ambatovy fait effectivement face à plusieurs problèmes”, sans entrer dans les détails. La presse spécialisée internationale avance même que “l’avenir d’Ambatovy reste incertain”. En coulisse, la crainte que la fin approche se ressent. Selon le diplomate japonais, toutes les décisions et les projections concernant le projet relèvent des investisseurs, étant donné qu’il s’agit d’un investissement privé.
“Mais nous, à l’ambassade, nous souhaitons que ce projet se poursuive”, soutient Abe Koji, tout en martelant sa dimension financière, mais aussi symbolique, autant pour Madagascar que pour le Japon. Pour la Grande Île, Ambatovy est une vitrine du potentiel du pays en termes d’investissements privés, notamment dans le secteur des ressources minières. Le fait que l’usine de raffinage d’Ambatovy soit le motif choisi pour le billet de 20 000 ariary, qui est le plus gros billet de la monnaie nationale, démontre son importance.
Garry Fabrice Ranaivoson
Comme c'est bizarre !
RépondreSupprimerÀ Madagascar et en Nouvelle Calédonie les usines de nickel perdent de l’argent.
Ces 2 "pays" 🤔sont d’anciennes! "colonies" françaises alors qu’en Indonésie, Australie et autres les comptes sont positifs ? 😳