![]() |
| Nonoh Ramaro, artiste plasticien autodidacte avec l'une de ses œuvres. |
Après plusieurs années de silence, Nonoh Ramaro, de son vrai nom Landry Richard Ramaroniaina, fait son retour sur le devant de la scène. Artiste plasticien autodidacte, figure discrète et peu portée vers les interactions sociales, il prépare aujourd’hui son renouveau à travers une exposition ambitieuse : « IA : Intelligence Artistique », un projet qui marque son retour en force dans le paysage artistique prévu pour cette année 2025.
Cette exposition n’a rien à voir avec l’intelligence artificielle. Elle interroge plutôt la capacité humaine à utiliser son talent et à le sublimer. L’un des axes forts de ce projet est une série de peintures mettant en scène le Hira Gasy, qu’il admire profondément. À travers ces œuvres métaphoriques, il propose une approche nouvelle de cette tradition, révélant son regard d’observateur assidu. Pour lui, l’Intelligence Artistique permet de rendre possible ce qui semblait impossible : une vision créative sans limites.
Nonoh Ramaro estime qu’une œuvre « parle d’elle-même » et n’impose aucun message à un public particulier. Son art s’ouvre au monde, dépassant le contexte malgache pour toucher un public international, majoritairement représenté parmi ses acheteurs. Ses créations mobilisent diverses techniques – dessin, aquarelle, acrylique, peinture à l’huile – choisies en fonction du sujet et de l’émotion à transmettre.
Hasard maîtrisé
Il accorde une attention particulière à la peinture à l’huile, qu’il apprécie pour sa technicité et sa profondeur, même si le dessin occupe une place centrale dans son processus créatif. Sa signature artistique repose sur les effets d’éclaboussure et le mouvement, éléments fondateurs de son inspiration : chaque toile naît d’un hasard maîtrisé, d’un voyage intérieur où un geste en entraîne un autre. Ses œuvres sont toujours uniques : seul le thème peut revenir, jamais l’exécution. Les couleurs varient selon son humeur du moment. Quant au public, il l’invite à développer sa propre perception : son art ne cherche pas à imposer un message, mais à ouvrir une porte.
Issu d’une famille aborigène, Nonoh Ramaro dessine depuis son plus jeune âge. Depuis plus de 30 ans, il crée des œuvres singulières et profondes, héritées d’une génération d’artistes influencée par Raparivo. Autodidacte pur, il a longtemps alterné entre son atelier — où il aime retoucher ses œuvres en toute intimité — et la danse, puisqu’il fut auparavant danseur et chorégraphe. Lorsqu’il intègre le milieu professionnel des arts plastiques, il reprend une véritable réflexion sur sa pratique : « Quand une chose t’échappe, elle devient une passion, pas une simple profession », confie-t-il.
En 2018, Nonoh Ramaro trouve pleinement sa voie artistique dans la représentation du personnage féminin, une figure qu’il considère comme l’une des plus marquantes : « La femme est la dernière création de Dieu, un univers immense, riche de sens et de vérité », explique-t-il. Ses inspirations naissent de ce qu’il observe : situations, émotions, détails du quotidien.
Nonoh Ramaro prépare également une exposition collective, désireux d’apporter sa contribution à la scène artistique contemporaine. Son souhait le plus cher : intégrer un laboratoire de création et y accueillir des jeunes pour les initier au dessin et à la peinture. Une manière pour lui de transmettre ce qu’il a appris seul, avec persévérance et sensibilité.
Cassie Ramiandrasoa
