Travail au noir

Sabotage ou pas, Antananarivo et d’autres villes vivent dans un blackout total pendant plusieurs heures, de jour comme de nuit. La situation empire alors qu’on a pris des risques et fait des sacrifices pour que les choses changent. La fourniture en électricité et en eau ont été les principales revendications des manifestants. Pour le moment, la situation ne s’améliore pas malgré la fuite des deux soi-disant gourous de la pauvreté.

Tous les efforts auraient dû être axés sur le retour immédiat de la fourniture en électricité et l’approvisionnement en eau. Quand on a choisi de prendre le pouvoir et de gouverner, il faut trouver des solutions dans les meilleurs délais. Si l’ancien régime avait d’autres priorités, il faudrait justement réorienter les axes fondamentaux de la vie quotidienne de la population. L’heure n’est plus aux explications pour justifier les coupures, pour évoquer la vétusté du matériel et des infrastructures, pour faire de la communication et chercher des boucs émissaires. Si on savait que les solutions n’existaient pas, on aurait préféré se résigner à notre sort. Mais on sait justement qu’on peut résoudre, atténuer, alléger les affres du délestage et le gen..eaucide causé par le manque d’eau.

C’est curieux que les députés ne font pas leur priorité la résolution de ces problèmes majeurs dans les débats sur la loi de finances pour une fois qu’ils ont l’occasion de le faire sans contrepartie en monnaies sonnantes et trébuchantes. 

C’est bien de réduire le budget de la Présidence au profit de la santé, de l’eau, mais c’est nécessaire et insuffisant. Il faudra mettre le paquet sur l’énergie et l’eau. Il faut aussi réduire les émoluments et les avantages des hauts fonctionnaires de l’État. Quand on voit des cortèges officiels de plusieurs 4x4 toutes neuves, on a l’impression que seuls les occupants ont changé. 

Il est aberrant de penser réaliser une croissance économique de 4% alors que les entreprises et les industries, toute l’activité économique sont paralysées. Comment ambitionner atteindre les objectifs du développement durable alors que l’accès à l’eau potable figure parmi les priorités.

Que ce soit pour l’eau et l’électricité, il y a plein de projets financés par les bailleurs de fonds à coups de centaines de millions de dollars mais, on ne voit le moindre progrès, le minimum d’impact. Aucun projet n’a d’ailleurs des résultats probants sauf l’augmentation de l’importation de ciment.

Pire, on travaille «au noir», c’est le cas de le dire et tous les jours sont devenus «Black tous days» pour parodier une célèbre promotion commerciale prévue bientôt. Mais avec le marasme économique généré par le gap en énergie et l’arrêt des robinets, difficile d’y penser. Même les fêtes de fin d’année risquent d’être tristounettes. À moins que le fils de Nazareth vienne sauver la mise. C’est ce que les dirigeants pleins de «dévotion» attendent et tiennent comme discours.

Sylvain Ranjalahy

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