Des gardiens, agents de sécurité et pompistes ayant assisté aux pillages survenus dans les centres commerciaux d’Andranomena et de Talatamaty livrent leurs témoignages. Leurs récits laissent apparaître l’action d’un groupe organisé, doté d’un plan précis.
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Les pilleurs ont agi en toute impunité à Andranomena. |
Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs grandes enseignes, dont Leader Price et Cosmos, ont été prises pour cible, ainsi que d’autres magasins et points de vente situés dans l’enceinte du centre commercial d’Andranomena. Au-delà des pertes matérielles, ces témoignages mettent en évidence une méthode coordonnée.
Selon les premiers témoins, un groupe est arrivé vers 23 heures. Six scooters transportant plusieurs individus se sont immobilisés près du site. Les assaillants portaient des casques, le visage couvert de foulards ou d’écharpes. Sous leurs vêtements, ils dissimulaient des barres de fer, des outils de cambriolage et divers objets pour forcer les accès.
Stratégies de diversion
Le premier acte a consisté à brûler des pneus à l’extérieur, créant à la fois un écran de fumée et un attroupement. Cette manœuvre a attiré les regards tout en dissuadant une réaction immédiate des riverains. Dans ce climat de confusion, les assaillants ont forcé le portail principal, puis embrasé un autre pneu trouvé sur place, accentuant la panique.
Ils se sont ensuite attaqués aux rideaux métalliques du supermarché Leader Price, du magasin Cosmos et d’autres commerces. Les gardiens décrivent une opération méthodique : chaque assaillant semblait avoir un rôle précis et des outils adaptés. Rapidement, la foule s’est mêlée aux premiers pillards, permettant aux meneurs de se dissimuler et de quitter discrètement les lieux.
En moins de trente minutes, une seconde vague est apparue. D’autres commerces, dont le supermarché Super U et le mini-market Supermaki à Talatamaty, ont été pris d’assaut selon le même procédé : pneus brûlés, forçage des accès, pillages collectifs. L’effet de contagion a gagné les quartiers voisins, où des habitants se sont joints spontanément au mouvement.
Les forces de l’ordre, arrivées sur place avec retard, n’ont pas pu enrayer le processus. Les interventions n’ont pas permis de reprendre le contrôle immédiatement, et les pillages se sont poursuivis jusqu’à l’épuisement des stocks.
Depuis, des patrouilles anti-pillage ont été déployées et les comités de vigilance des fokontany redynamisés. Pour plusieurs observateurs, toutefois, la précision du mode opératoire confirme que ces actes n’étaient pas improvisés : ils relèveraient de bandes organisées, préparées à manipuler les foules et à provoquer un effet d’entraînement.
Andry Manase