MATERNITÉ BEFELATÀNANA - Des femmes en danger faute de soins

La grève au CHU de Befelatànana a eu de lourdes conséquences sur la santé des patientes. Des femmes en état critique n’ont pas pu être prises en charge dans cette maternité.

Des patientes sont rentrées bredouilles suite à la fermeture du service des urgences de la maternité Befelatànana.

Une femme, assise devant l’hôpital, manifestait des douleurs intenses hier. Ses gestes et ses grimaces la trahissaient. Le résultat de son échographie, effectuée tôt dans la matinée, indiquait la nécessité de soins urgents. Elle souffrait d’« une grossesse extra-utérine rompue ». « Le médecin qui l’a envoyée à la maternité de Befelatànana a souligné qu’elle devait être opérée dans les plus brefs délais », raconte Haja, le frère de cette femme. Selon les explications médicales, le retard dans la prise en charge d’une grossesse extra-utérine rompue peut être fatal.

Malgré la gravité de son état, elle n’a pas pu être prise en charge : la maternité était fermée. « En raison des grèves des paramédicaux, des internes et des internes qualifiants, les conditions pour prendre en charge cette patiente ne sont pas remplies. Ainsi, nous vous la transférons », écrit une gynécologue-obstétricienne de garde sur la feuille accompagnant son résultat d’analyse.

Au même moment, une autre femme enceinte, en état grave, se heurtait à la porte du service des urgences, fermée. « Pourquoi est-ce fermé ? Cette patiente souffre d’un placenta prævia et elle fait de l’hémorragie », alerte une femme qui l’accompagnait. Le retard de la prise en charge de l’hémorragie liée à un placenta prævia peut également mettre en danger la vie de la mère et de l’enfant, selon les explications médicales.

Répercussions

Les agents de santé présents affirment que la grève des paramédicaux, des internes et des internes qualifiants perturbe fortement leurs activités. « Nous ne pouvons pas recevoir les urgences : il n’y a ni infirmier ni anesthésiste de garde pour réaliser des interventions chirurgicales », explique un professionnel de santé de cette maternité.

Les internes et les internes qualifiants de cet hôpital sont en grève depuis la semaine dernière. Les paramédicaux ont rejoint leurs rangs dimanche, suspendant leurs activités suite aux gaz lacrymogènes qui ont touché plusieurs fois l’hôpital et asphyxié patients et personnel. Cette fermeture a eu des répercussions dans les autres maternités d’Antananarivo. « Nous sommes débordés en ce moment et ne pouvons pas recevoir de nouvelles patientes », indiquait le service de maternité d’un autre CHU de la capitale.

La maternité de Befelatànana est l’une des principales structures de référence pour les accouchements à risque à Antananarivo. Sa fermeture, même temporaire, met en lumière la fragilité du système hospitalier public et le manque d’alternatives disponibles pour les patientes issues des milieux défavorisés.

Reprise des services des paramédicaux au CHU GOB

Les paramédicaux du CHU GOB ont repris le service hier après-midi, après une réunion avec des responsables du ministère de la Santé publique et du ministère de la Sécurité publique. « Ils nous ont assuré qu’il n’y aurait plus d’affrontements aux abords de l’hôpital », a indiqué le porte-parole des paramédicaux.
Cette reprise partielle ne permet toutefois pas de rétablir complètement le fonctionnement de l’hôpital, encore perturbé par la grève toujours en cours des internes et des internes qualifiants.

Miangaly Ralitera

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