Journée à rebondissements et historique hier. Une guerre de communiqués a débuté la journée. Le désormais président de la République sortant Andry Rajoelina a publié un décret dissolvant l’Assemblée nationale au moment même où les députés ont voté une motion d’empêchement contre sa personne. Un débat de juridisme a envahi les réseaux sociaux. Entre-temps, devant le perron du palais d’Ambohitsorohitra, le colonel Michael Randrianirina, flanqué de ses lieutenants du Capsat, déclare avoir pris le pouvoir après quatre jours d’attente où il n’y avait plus personne pour diriger le pays, étant donné que le Président s’est réfugié à l’étranger alors que le président du Sénat a été débarqué par ses collègues. Il a annoncé la création du Conseil national de défense de transition, la nomination imminente d’un Premier ministre et la mise en place d’un gouvernement composé de dix-huit ministères, où le ministère de l’Intérieur est le grand oublié.
La transition devrait durer au maximum deux ans avant le référendum constitutionnel et les élections diverses. Le CNDT a suspendu la Constitution, le Sénat, la HCC, la CENI, la HCJ, la HDDED…
Juste avant cette déclaration, la HCC a constaté la vacance du poste de Président et a invité le colonel Michael Randrianirina à en assurer l’intérim.
La Quatrième République a donc vécu quinze ans. Reste à savoir la réaction de la communauté internationale face à cette prise de pouvoir un peu particulière. Le CNDT refuse le terme « coup d’État ».
L’objectif de la GEN Z de dégager Rajoelina est donc atteint. Mais les problèmes restent entiers. Le plus dur reste à faire pour remettre en marche l’électricité et l’eau, contrôler le prix des PPN, rétablir la sécurité, alléger les coûts de l’éducation et des soins. Il ne suffira pas d’un claquement de doigts pour obtenir des miracles.
Autre problème, et pas des moindres, les batailles de sièges entre les politiciens vont faire rage. Dès hier, les députés ont revendiqué la mise à l’écart de Rajoelina et estiment mériter leur part du gâteau. On ignore comment le CNDT va gérer cet aspect.
Il doit également satisfaire les revendications des diverses entités professionnelles et corporations. Les déclarations et communiqués tombent comme des grêlons depuis quelques jours, réclamant soit des avantages particuliers, soit des traitements de faveur, soit une indépendance. Les administrateurs civils, les agents pénitentiaires, le corps de la police, la gendarmerie, l’armée, les magistrats… ont fait entendre leur voix. Le CNDT a du pain sur la planche, d’autant que la GEN Z et les manifestants réclament des résultats immédiats après plus d’une décennie de souffrance.
En revanche, le CNDT n’a pas encore touché mot sur la douane, l’impôt, le Trésor public, qui constituent pourtant les mamelles des caisses de l’État. De même, aucune mention n’a été faite sur les organes de lutte contre la corruption, une des revendications des manifestants, qui ne font jusqu’ici qu’amuser la galerie et servent d’outils politiques.
Comme on veut un changement radical dans tous les domaines et secteurs, il va falloir passer au peigne fin tout le système. Un grain de sable suffira à tout faire capoter et tout transformer en terrible désillusion, comme c’est le cas à chaque révolution.
Sylvain Ranjalahy
il ne faut pas être trop négatif, les résultats sont souvent perçu sur le long terme:
RépondreSupprimerCes révolutions ont souvent été violentes, mais elles ont marqué des avancées durables en termes de droits, d'éducation ou d'économie.
1. La Révolution américaine (1775-1783)
Cette révolution a permis l'indépendance des colonies britanniques, menant à la création des États-Unis comme république démocratique. Parmi les améliorations : une plus grande participation politique pour les citoyens ordinaires (élargissement du droit de vote), la protection des libertés fondamentales comme la liberté d'expression, de presse et de religion, et une accélération de l'abolition de l'esclavage dans certains États (par exemple, plus de 10 000 esclaves libérés en Virginie via des manumissions). Cela a favorisé une identité nationale partagée et une croissance économique pour de nombreux Américains.
2. La Révolution haïtienne (1791-1804)
Première révolte d'esclaves réussie dans le monde occidental, elle a abouti à l'indépendance d'Haïti vis-à-vis de la France et à l'abolition totale de l'esclavage pour une population majoritairement esclave (environ 500 000 personnes). Les anciens esclaves et les affranchis ont obtenu la citoyenneté et des droits politiques, inspirant les mouvements abolitionnistes ailleurs. Après l'indépendance, des infrastructures comme des palais et forteresses ont été construites, améliorant l'économie malgré les défis persistants.
3. La Révolution française (1789-1799)
Elle a renversé la monarchie absolue et le système féodal, introduisant des principes d'égalité, de liberté et de fraternité via la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Pour la population, cela a signifié la fin des privilèges nobiliaires, une redistribution des terres aux paysans, et des réformes comme l'adoption du système métrique ou l'égalité devant la loi, qui ont posé les bases des démocraties modernes et amélioré l'accès à l'éducation et à la justice pour les classes populaires.
4. La Révolution chinoise (1949, sous Mao Zedong)
Issue de luttes violentes contre l'impérialisme et les seigneurs de guerre, elle a conduit à la fondation de la République populaire de Chine. Les avancées incluent une réforme agraire massive bénéficiant aux paysans (redistribution des terres), une explosion de l'éducation (taux d'alphabétisation passant de 20 % à près de 80 % en 1990, avec 150 millions d'élèves inscrits à l'école primaire dans les années 1970), et des droits accrus pour les femmes (fin du bandage des pieds et intégration au travail). Cela a amélioré la qualité de vie pour des centaines de millions, surtout en zones rurales.
Ces exemples montrent que les révolutions peuvent transformer les sociétés, mais leurs bénéfices émergent souvent à long terme.
Il ne faut pas oublier aussi les coups d'Etat qui ont permis d’améliorer les choses, surtout pour la population: amélioration de l'alphabétisation et réduction du niveau de la corruption:
RépondreSupprimer1. La Révolution des Œillets au Portugal (1974)
Ce coup d'État militaire pacifique a renversé la dictature autoritaire de l'Estado Novo, au pouvoir depuis 1926. Il a mis fin aux guerres coloniales coûteuses (en Angola, Mozambique, etc.), libérant des ressources pour le développement intérieur. La population a bénéficié d'une transition rapide vers la démocratie avec une nouvelle constitution en 1976, des réformes agraires redistribuant les terres aux paysans, une expansion de l'éducation et des droits des travailleurs (comme la légalisation des syndicats). Cela a marqué les changements sociaux les plus radicaux en Europe de l'après-guerre, avec une hausse du niveau de vie et une fin à la censure. Des centaines de milliers de Portugais ont vu leur accès à la santé et à l'éducation s'améliorer durablement.
2. Le coup d'État de Mustafa Kemal Atatürk en Turquie (1923)
Après la dissolution de l'Empire ottoman, Atatürk et les officiers nationalistes ont pris le pouvoir par un coup militaire, abolissant le sultanat et proclamant la République de Turquie. Cela a introduit des réformes laïques et modernisatrices : suffrage universel pour les femmes en 1934 (un des premiers au monde), alphabet latin remplaçant l'arabe pour booster l'alphabétisation (de 10 % à près de 50 % en une décennie), et des investissements dans l'industrie et l'éducation. La population, surtout les femmes et les ruraux, a gagné en égalité sociale et en accès à l'instruction, posant les bases d'une économie plus diversifiée et d'une identité nationale unifiée, malgré l'autoritarisme initial.
3. Le coup d'État de Thomas Sankara au Burkina Faso (1983)
Sankara, capitaine charismatique, a renversé le régime corrompu de Jean-Baptiste Ouédraogo pour instaurer un gouvernement révolutionnaire axé sur l'anti-corruption et le développement. En quatre ans, il a lancé des campagnes massives d'alphabétisation (taux passant de 13 % à 73 %), vacciné 2,5 millions d'enfants contre la méningite, planté 10 millions d'arbres pour lutter contre la désertification, et promu l'égalité des genres via des réformes comme l'interdiction des mutilations génitales. Les paysans ont bénéficié de distributions gratuites de semences et d'engrais, réduisant la dépendance alimentaire. Bien que son assassinat en 1987 ait stoppé le processus, cette période a durablement amélioré la santé publique et l'autosuffisance pour des millions de Burkinabés.
Ces cas montrent que des coups ponctuels ou transitoires peuvent catalyser des progrès, mais ils dépendent souvent d'un leadership visionnaire et d'une transition rapide vers des institutions stables... Je n'ai pas parlé des Seychelles en 1977 mais nous pourrions aussi en tirer des enseignements. Ce pays bénéficie d'une alternance démocratique réelle, les dernières élections l'ont encore prouvé.