ÉLECTIONS SÉNATORIALES - La décision du gouvernement attendue

Les partis politiques se montrent peu enthousiastes à l’égard des élections sénatoriales.

Le gouvernement est attendu cette semaine sur une décision cruciale : publier ou non le décret convoquant les électeurs pour les élections sénatoriales du 11 décembre, date proposée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Conformément à l’article 51 de la loi organique relative au régime général des élections et des référendums, ce décret doit être pris au moins 90 jours avant le scrutin. S’il n’est pas publié d’ici jeudi, l’organisation des sénatoriales à la date prévue deviendrait impossible.

La Haute Cour constitutionnelle (HCC) a déjà balisé le terrain. Dans une décision rendue la semaine dernière, elle a écarté tout argument lié aux aléas climatiques. L’institution a rappelé que l’article 53 de la loi électorale impose le respect des échéances des mandats, indépendamment de la saison. Autrement dit, la tenue du scrutin en pleine période de pluies ne saurait servir de prétexte à un report. Cette position place la responsabilité politique entièrement sur les épaules de l’Exécutif, désormais seul maître du calendrier.

Un scrutin verrouillé 

Pourtant, l’élection elle-même semble souffrir d’un déficit d’intérêt. Les sénatoriales, qui mobilisent un collège électoral restreint constitué des conseillers municipaux et communaux, n’offrent qu’une marge de compétition limitée. Le parti disposant de la majorité de ces grands électeurs, en l’occurrence le parti au pouvoir, aborde le scrutin en position de force. Les résultats apparaissent donc comme largement joués d’avance, réduisant l’incitation des partis d’opposition à s’investir pleinement dans la campagne.

Ce déséquilibre structurel explique l’absence d’engouement politique et médiatique autour du rendez-vous de décembre. Contrairement à une élection présidentielle ou législative, ces sénatoriales n’offrent pas un véritable espace de confrontation idéologique ou populaire. Elles relèvent davantage d’une logique institutionnelle, visant à renouveler une chambre haute dont le poids politique reste limité face à l’Assemblée nationale.

Néanmoins, le scrutin revêt une portée stratégique pour le pouvoir en place. Contrôler le Sénat, c’est renforcer son assise institutionnelle et verrouiller davantage le paysage politique, en particulier à l’approche des échéances majeures de 2028. À l’inverse, un boycott ou une faible mobilisation de l’opposition renforcerait le sentiment d’un pluralisme démocratique affaibli, alimentant les critiques sur la vitalité du jeu politique.

Au-delà de la procédure, les sénatoriales de décembre s’annoncent donc comme un révélateur : celui d’un système électoral dominé par les équilibres locaux et d’un climat politique où la compétition paraît souvent secondaire face aux rapports de force déjà établis.

Tsilaviny Randriamanga

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