À Mitsinjo, à un kilomètre de Belo-sur-Tsiribihina, la famille Kamamy finalise la construction d’un zomba provisoire pour accueillir les trois crânes sacrés Sakalava, dont celui du roi Toera et les deux guerriers.
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Piero Kamamy mène la famille Kamamy dans la construction du zomba provisoire à Mitsinjo. |
Le retour des crânes Sakalava, celui du roi Toera et de ses deux guerriers, se prépare avec ferveur du côté de la famille Kamamy. Depuis deux mois, un zomba provisoire est en construction à Mitsinjo, localité située à un kilomètre de Belo-sur-Tsiribihina, dans la région Menabe. « C’est ici, sur la terre de nos ancêtres, que nous avons choisi d’ériger ce zomba provisoire, car la sœur du roi Toera y est enterrée », affirme Piero Kamamy, descendant direct du souverain.
Fabriqué à partir de bois de Nato, matériau sacré utilisé exclusivement pour les sépultures royales Sakalava, le zomba est presque achevé. Il ne reste plus que la porte à installer. Ce travail a été entièrement financé par la famille, avec le soutien d’un bienfaiteur, Spotti Marco, qui a également organisé les rituels traditionnels nécessaires, tels que l’abattage de zébu pour le sorona, l’offrande de toaka, ou encore la demande de tsipyrano pour assurer la réussite de la construction.
Affaire nationale
En avril dernier, un décret du gouvernement français a officiellement autorisé le rapatriement des kabeso dans un délai d’un an, mais à ce jour, aucune date précise n’a été communiquée par le ministère de la Communication et de la Culture, ni par le gouvernement malgache. Un Conseil des ministres tenu cette semaine a bien validé la construction d’un zomba pour accueillir les crânes, sans en préciser le lieu. Pour la famille Kamamy, la localisation future du zomba définitif reste cruciale. « Imbiky, où le roi Toera a été tué, est un lieu à la fois inaccessible et symboliquement lourd, explique Piero Kamamy. Le site est isolé au cœur de la forêt et chargé d’histoire douloureuse. En plus, c’est un lieu noir pour les Sakalava. Mitsinjo, en revanche, est proche de Belo, facilement accessible et sécurisé grâce à la présence d’un camp militaire, et terre des ancêtres du roi Toera. »
D’ici au rapatriement, le programme est déjà en partie fixé : après l’arrivée des kabeso à Ivato, une escale est prévue à Miandrivazo, où les Sakalava locaux souhaitent organiser une cérémonie d’accueil. Le cortège fera ensuite halte à l’allée des Baobabs de Morondava avant de rejoindre Belo-sur-Tsiribihina. En attendant l’annonce officielle, la famille Kamamy se prépare déjà à envoyer un de ses membres à Paris pour représenter la communauté Sakalava lors du rapatriement. « Mais les frais de déplacement et d’hébergement sont à notre charge, regrette Piero Kamamy. Nous faisons notre part, mais cela dépasse désormais le cadre familial : c’est une affaire nationale. »
Nicole Rafalimananjara