PORTRAIT - Gervais Rakotonirina transforme le bois en mélodie vivante

Gervais Rakotonirina dans son atelier.

Il ne joue pas du violon, il le fait naître. Depuis 1996, Gervais Rakotonirina, artisan discret mais talentueux, façonne à la main des violons qui séduisent les musiciens par leur qualité sonore et leur authenticité. « L'inspiration vient comme un frisson », confie-t-il. « Je fais un dessin, puis je me lance. C’est plus fort que moi ».

Installé à Ankadikely Ilafy avec sa femme et ses enfants, ce luthier malgache figure parmi les rares artisans du pays à maîtriser l’art délicat de la fabrication de violon. Son atelier familial est niché dans sa propre maison, où se mêlent odeur de bois et passion musicale.

Son amour de la musique, Gervais ne l’a pas inventé, il l’a hérité. Son père était musicien dans le hira gasy. « L’amour du lokanga m’est venu naturellement », raconte-t-il. Cette passion s’est vite transformée en vocation, puis en mission. Autodidacte, il commence à fabriquer ses premiers violons sans formation académique, porté uniquement par l’intuition et le travail acharné.

En 2002, il parvient à créer vingt-cinq violons entièrement faits main. Grâce aux retours exigeants de ses clients et aux critiques constructives des musiciens, il affine son art, peaufinant l’ajustement du son, l’accord des cordes, la forme, la résonance.

Des écoles de musique comme le CNEM, l’EGM, Madagascar Mozarteum, des orchestres tels que Quatuor Squad ou encore celui de l’église FJKM Analamahintsy collaborent avec lui, séduites par ses instruments aux sonorités profondes et harmonieuses, mais aussi par le prix accessible. « C’est la qualité qui parle », dit-il avec modestie.

En 2013, sa participation à une formation en lutherie organisée par l’Institut Français de Madagascar (IFM), dans le cadre du projet « Roses et Baobab » à Antsahavola, renforce ses compétences techniques. Il y a notamment perfectionné l’espacement des cordes ainsi que l’acoustique interne de ses violons.

Ses instruments se démarquent par leurs matériaux nobles : ébène, érable, bois pisa, palissandre, soigneusement sélectionnés, mais aussi par une technique unique qui donne au violon une sonorité « ronde et chaude », très prisée des professionnels.

Mais Gervais ne se contente pas de fabriquer des instruments neufs: il répare, ajuste, accorde, et donne une seconde vie aux violons endommagés. Un savoir-faire complet, rare et précieux.

Cassie Ramiandrasoa

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