PATRIMOINE - Le Hira Gasy reste au cœur de la tradition face à la modernité

Le Hira Gasy reste inséparable du Famadihana.

Alors que la saison des Famadihana et Famorana bat son plein actuellement à Madagascar, un constat s’impose : le Hira Gasy reste indétrônable dans le cœur des familles. 

« Un Famadihana ne serait pas un vrai Famadihana sans le Bapampa et les mozika du Hira Gasy », affirme Mamitiana Rodin, père de famille résidant à Mahitsy, qui a organisé un Famadihana. Si les DJs occupent désormais une place dans l’animation de ces grandes retrouvailles familiales, ils n’en effacent pas pour autant l’essence culturelle du rituel. « Pour répondre aussi aux attentes des jeunes, nous avons invité un DJ le premier jour, afin de créer une ambiance de bal populaire. Le lendemain, place au théâtre de Hira Gasy avec les danses des Zana-drazana », ajoute-t-il.

 Aujourd’hui, la cohabitation entre les troupes de Mpihira Gasy et les DJs est devenue presque naturelle. La modernité s’invite avant ou après le rituel, sans le remplacer. « Avant le Famadihana, c’est le DJ qui chauffe l’ambiance, mais pendant et après, c’est nous, les Mpihira Gasy, qui prenons le relais. Le Hira Gasy reste le pilier de l’événement », explique Tojonirina Fanomezantsoa Ranaivonantenaina, président de la Fédération nationale des Mpihira Gasy. Il confie qu’en cette période, plusieurs troupes sillonnent les villages de Vakinankaratra et d’ailleurs pour répondre à la demande. 

Faire appel à une troupe de Hira Gasy reste un investissement important pour les familles : environ 1 500 000 ariary par jour, pour une quarantaine de membres. Soit près de 30 000 ariary par artiste, incluant les frais de déplacement estimés à 400 000 ariary. Mais ce coût ne freine pas les familles, conscientes de la valeur symbolique et spirituelle de cette musique ancestrale. 

Contrairement à d’autres formes culturelles menacées par la modernité, le Hira Gasy résiste, évolue et se réinvente sans perdre son essence. Surtout à la campagne, loin d’être éclipsé par les sons électro, il se nourrit même parfois de cette dualité.

Nicole Rafalimananjara

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne