CARBURANTS - Tensions dans les stations-service

À Antananarivo, les stations-service font face à une pénurie de carburant, provoquant de longues files d’attente. Ce problème résulte de blocages logistiques et de négociations entre transporteurs et pétroliers.

Une longue file d’attente à la station-service d’Avaradoha, hier.

Dans la capitale, la majorité des stations-service affichent « rupture de carburant ». Derrière les barrières métalliques, le silence des pompistes en dit long. Devant celles qui fonctionnent encore, la foule s’amasse. Visages tendus, moteurs éteints, chacun espère remplir son réservoir pour pouvoir circuler le lendemain.

Bolo, chauffeur de taxi-moto, raconte sa journée de chasse au carburant : « J’ai fait le tour d’Andrefan’Ambohijanahary, Ambohijatovo, Antanimena, même jusqu’à Anosisoa. Rien. À chaque station, une barrière et pas un mot des responsables. Finalement, j’ai trouvé du carburant à Ambodivona. Mais j’ai dû attendre longtemps. » Il s’inquiète de la frénésie ambiante : « Les gens remplissent à ras bord dès qu’il y a du stock. Une fois les cuves vides, il n’y a plus rien pour les autres. »

Chez les transporteurs en commun, la tension monte aussi. Un chauffeur de la ligne 199 (Soavina – Soavimasoandro) témoigne « À Ankadimbahoaka, il y avait déjà la queue à 10h, et à 11h, c’était fermé. J’ai pu faire le plein à Ankorondrano. Mais si demain je ne trouve rien, je ne pourrai pas travailler. » Il explique qu’en temps normal, il fait le plein quatre fois par jour : « Maintenant, je dois remplir d’un coup. Mais si j’ai une panne, c’est fini. Mon patron perd de l’argent. Et moi, je perds ma journée. »

Tensions dans la chaîne logistique

En déplacement à Fianarantsoa, le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Oliver Jean Baptiste, se veut rassurant : « Les réserves sont suffisantes à Toamasina. Le carburant existe. Mais le problème, c’est la logistique. Les compagnies pétrolières doivent acheminer le carburant vers Antananarivo. C’est leur responsabilité. »

Il reconnaît toutefois un blocage : « Il y a des négociations entre les transporteurs et les compagnies pétrolières. Les transporteurs demandent une hausse des tarifs. Ce n’est pas directement du ressort du ministère, mais cela ralentit les livraisons. Très peu de camions circulent en ce moment. »

Un responsable d’une compagnie pétrolière abonde dans le même sens : « Ce n’est pas un manque de carburant, mais une perturbation sérieuse de la chaîne. Les négociations bloquent les départs. Et avec l’état des routes, le transport est encore plus compliqué. »

Face à cette situation, l’Office Malgache des Hydrocarbures (OMH) appelle au calme : « Le carburant revient peu à peu. Il faut éviter de stocker au-delà de ses besoins. Tous les camions arrêtés sur la RN2 ont été remis en circulation, sous escorte de la gendarmerie. » Mais dans les rues, le sentiment d’urgence s’accentue. Le même chauffeur de bus lance un dernier avertissement : « Si rien ne change aujourd’hui, on arrête tout. »

Un cri du cœur, porteur d’une menace lourde dans une capitale où chaque litre est devenu précieux.

La crise ne touche pas que la capitale : selon plusieurs sources, Fianarantsoa et des localités comme Arivonimamo connaissent également des perturbations dans l’approvisionnement.    

Irina Tsimijaly

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