JIRAMA - Rencontre décisive avec le Président

L’avenir de la Jirama, devenue société anonyme, dépend d’une décision présidentielle imminente. Cette réforme, soutenue par le FMI, suscite tensions et controverses.

Le syndicat « Tambaben’ny mpiasan’ny Jirama » à Soanierana.

En mars 2025, la Jirama a changé de statut pour devenir une société anonyme (SA), une décision officialisée par un arrêté publié au Journal officiel début juin. Ce virage s’inscrit dans le plan de redressement imposé par le FMI dans le cadre des programmes FEC (Facilité élargie de crédit) et FRD (Facilité pour la résilience et la durabilité).

Cependant, cette orientation vers un fonctionnement à caractère commercial suscite de fortes contestations. Le principal syndicat, « Tambaben’ny mpiasan’ny Jirama», dénonce une remise en cause de la mission de service public de l’entreprise. 

« Ce changement ne sert pas les intérêts des employés », alerte un syndicaliste. « Il engage des fonds publics et met en péril la population ».

De son côté, le FMI insiste sur une réforme rapide et structurelle. Il conditionne son soutien financier à plusieurs mesures : mise en place d’un mécanisme d’ajustement automatique des prix du carburant, réduction progressive des subventions à la Jirama, et amélioration des performances de la société. Le FMI a déjà débloqué 101 millions de dollars en février 2025, puis 107 millions supplémentaires début juillet.

Alarmant

Le contexte financier est alarmant : l’État malgache injecte chaque année environ 475 milliards d’ariary (environ 100 millions de dollars) pour couvrir les pertes de la Jirama. La société vend l’électricité entre 300 et 700 ariary/kWh, alors que le coût de production varie entre 1 400 et 2 400 ariary/kWh (14 à 24 cents de dollar). Selon la Cour des comptes, la Jirama traîne une dette cumulée de 2 500 milliards d’ariary.

Face à ces déséquilibres, le gouvernement avance à pas mesurés. Une rencontre a eu lieu avec le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste, mais le syndicat attend toujours une réponse claire. Quant au président de la République, il a brièvement évoqué le sujet le 11 juillet à Sainte-Marie, sans prendre d’engagement.

Du côté des usagers, les attentes sont plus pragmatiques. « Peu importe le statut, du moment qu’il n’y a plus de délestage », confie une mère de famille. « On parle de réformes depuis des années, mais rien ne change. Et le coût de la vie augmente», se désole un autre client.

La décision présidentielle, attendue dans les jours à venir, sera déterminante pour l’avenir de la société de distribution d’eau et d’électricité.

Irina Tsimijaly

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