Le mystère demeure autour de l’intoxication qui a coûté la vie à 29 personnes. Les autorités excluent la thèse du botulisme, mais refusent de divulguer le nom du poison.
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Une victime de la suspicion d’empoisonnement sur le lit du CHU JRA. |
Les autorités maintiennent leur position : le botulisme ne serait pas à l’origine de l’hécatombe survenue dans un espace situé en bordure de la Route nationale 2, au mois de juin.
Dans une vidéo publiée hier par le ministère de la Santé publique, le professeur Andry Maharo Andrianarivelo, directeur du laboratoire de surveillance LA2M, a affirmé que cette intoxication alimentaire n’était pas liée au botulisme.
« Les donuts sont cités parmi les aliments en cause. Or, selon les données scientifiques, une cuisson prolongée, comme celle utilisée pour les donuts, empêche le développement de la toxine botulinique. De plus, la forte teneur en sucre réduit l’humidité dans le donut, or cette toxine a besoin d’eau pour se développer. Elle ne peut donc pas se développer dans ce type d’aliment. Par ailleurs, l’acidité présente dans les donuts ne favorise pas sa croissance », a-t-il expliqué.
Le professeur précise que des interrogatoires ont été menés auprès des malades, de leurs proches, ainsi que des participants à cette fête qui n’ont pas été touchés.
Dans cette même vidéo, une participante témoigne avoir évité les aliments sucrés, notamment les donuts, pendant cette fête.
« J’ai mangé tous les plats salés, mais je ne suis pas très friande de sucreries, donc je n’ai pas touché aux donuts ni aux autres aliments sucrés», relate-t-elle. Elle n’aurait ressenti que de légers maux de tête après la fête. Un chauffeur ayant accompagné des convives raconte, lui aussi, n’avoir consommé que des plats salés.
« J’ai donné les sucreries à ma femme. C’est elle qui est tombée malade ensuite », rapporte-t-il.
Opacité et interrogations
Le père d’une victime, qui n’a pas assisté à la fête mais a mangé les plats rapportés par son enfant, n’a présenté aucun symptôme.
Les doutes persistent quant à la véritable cause de cette tragédie, alimentés par les défaillances de communication autour de l’affaire. De nombreuses voix réclament la divulgation de la substance toxique responsable des vingt-neuf décès, afin de confirmer s’il s’agit bien d’un empoisonnement volontaire. Les familles des victimes réclament également cette information, dans l’espoir de trouver un antidote.
Pourtant, malgré l’annonce des résultats des contre-analyses effectuées en France, les autorités n’ont pas révélé l’identité de la substance toxique.
La procureure de la République près le tribunal de première instance d’Antananarivo, Narindra Navalona Rakotoniaina, a rappelé hier que le tribunal ne peut ni révéler ni divulguer les éléments relevant du secret de l’instruction.
« C’est la raison pour laquelle le nom de la substance ayant servi à cet empoisonnement ne peut être rendu public. Le divulguer pourrait entraîner des usages malveillants ou des incitations à des actes criminels. Toutefois, les avocats des parties concernées ont le droit de consulter le dossier et les pièces de la procédure. Rien n’est dissimulé dans cette affaire », a-t-elle précisé.
Concernant les trois personnes placées en détention provisoire, elle a indiqué que des éléments à charge ont permis au tribunal de délivrer les mandats de dépôt. Elle a également souligné que tout le monde pourra assister au procès.
Miangaly Ralitera