Malgré la question des îles Éparses, la France et Madagascar maintiennent une coopération étroite. Celle-ci s’étend à l’économie, au développement et à la mémoire.
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La ministre des Affaires étrangères et l’ambassadeur de France à Madagascar, portant un toast à l’occasion du 14 juillet. |
Si la question des îles Éparses continue d’alimenter les tensions entre Madagascar et la France, elle n’entrave pas pour autant la dynamique d’une coopération bilatérale soutenue dans des secteurs stratégiques. Hier, à l’occasion de la célébration de la fête nationale française à la Résidence de France à Ivandry, l’ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois, a réaffirmé la vitalité des relations entre Antananarivo et Paris. Il a notamment souligné que la récente visite du président Emmanuel Macron à Madagascar marque un tournant dans le renforcement de ce lien historique, scellé par la signature de nombreux accords touchant des domaines clés tels que l’agriculture, l’énergie et l’éducation.
« À l’heure où certains se retirent de Madagascar, où d’autres hésitent ou se contentent de promettre, la France, avec ses partenaires européens et internationaux, continue d’investir et de s’investir en faveur d’un développement solidaire et durable pour la Grande Île et sa population», a déclaré Arnaud Guillois, insistant sur la constance de l’engagement français.
Les propos de l’ambassadeur trouvent un écho concret dans les multiples projets financés via l’Agence française de développement (AFD). Celle-ci appuie des initiatives allant de la sécurité alimentaire à l’éducation, en passant par la formation professionnelle, l’assainissement et le développement urbain. Le programme d’appui au développement des villes d’équilibre (PADEVE), dont la phase 2 s’étend désormais à Antsirabe, Mahajanga et Toamasina, en est une illustration tangible.
Sur le plan économique, la France demeure un partenaire commercial majeur pour Madagascar. Selon le FMI, elle représente le premier marché d’exportation des produits malgaches, absorbant 16,2 % des exportations de la Grande Île. Ce flux commercial avoisine le milliard d’euros depuis trois ans. De plus, la présence des entreprises françaises sur le sol malgache assure environ 20 000 emplois, consolidant ainsi les retombées économiques locales.
Dialogue historique
Au-delà des aspects économiques et techniques, la relation franco-malgache se nourrit aussi d’un dialogue mémoriel. Consécutivement à la visite d’Emmanuel Macron, une commission mixte d’historiens a été mise en place pour revisiter ensemble les pages douloureuses de l’histoire commune, marquée par la colonisation. Il s’agit d’une démarche inédite depuis l’indépendance de Madagascar en 1960. La restitution prochaine du kabeso du roi sakalava Toera, ainsi que des restes de deux chefs de guerre sakalava, constituera un acte symbolique fort, scellant ce travail de mémoire partagé.
Ce ne sont là que quelques exemples des multiples liens qui unissent la France et Madagascar. Au-delà de l’agriculture, de l’éducation ou du dialogue historique, la coopération bilatérale s’étend également à la défense, à la santé ou encore à la justice, témoignant de la profondeur et de l’enracinement de cette relation. Autant de chantiers qui illustrent, malgré les différends, la solidité et la vitalité d’une relation franco-malgache appelée à se renforcer encore, au bénéfice des deux nations. Autant d’initiatives qui prouvent qu’au-delà des tensions, la relation entre la France et Madagascar demeure solide, tournée vers l’avenir et résolument constructive.
Tsilaviny Randriamanga