FUITE DE SUJETS D’EXAMENS - Les arrestations s’enchaînent

Depuis quelques éditions, la crédibilité des examens est entachée par des fuites de sujets sur les réseaux sociaux. Face à ce fléau, les autorités ont décidé de sévir.

Les épreuves du baccalauréat démarrent ce 21 juillet.

Une vingtaine d’arrestations: c’est ce que comptabilisent les autorités dans les affaires de fuite et de vente de présumés sujets d’examens officiels. Après le ministère de l’Éducation nationale pour l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC), c’est au tour du ministère de l’Enseignement supérieur de partir à la chasse aux fuites de sujets du baccalauréat, qui débutera le 21 juillet.

Dans un communiqué publié dimanche, le ministre de l’Enseignement supérieur fait état de l’arrestation de quatre personnes, accusées de vendre des sujets d’examens du baccalauréat. Trois d’entre elles sont déjà placées en détention préventive. La missive ministérielle les qualifie de “faussaires”, laissant entendre que les sujets mis en vente seraient des faux. S’agissant des fuites de sujets du BEPC, une quinzaine d’individus ont été arrêtés et placés en détention préventive. Des membres du corps enseignant et des élèves figurent parmi les accusés.

Les deux ministères indiquent que l’enquête sur les présumées fuites et ventes de sujets des examens officiels est toujours en cours. La tolérance zéro est affirmée. Dans cette affaire, les services de lutte contre la cybercriminalité de la police et de la gendarmerie sont fortement mobilisés. Les ventes de sujets supposés authentiques se font, en effet, sur Facebook et par la messagerie WhatsApp, les paiements étant effectués via mobile money.

Le fléau semble concerner l’ensemble du territoire. Pour le cas des fuites de sujets au BEPC, par exemple, les prévenus ont été arrêtés à Antananarivo, Fianarantsoa, dans la région Alaotra-Mangoro et à Betroka. 

Déclin du sens moral

Des enquêtes sont également en cours à Antsirabe, Manakara et Fenoarivo Atsinanana. Par ailleurs, les vagues d’arrestations ne semblent pas dissuader ceux qui cherchent à se faire de l’argent en vendant de “vrais-faux” sujets d’examens.

À peine le BEPC terminé, des comptes Facebook ont mis en vente des sujets de baccalauréat qu’ils affirment être “authentiques”. Des groupes Facebook sont même créés spécialement pour ces ventes. Pourtant, au regard du montant affiché pour chaque sujet, on peut se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Pour les examens du BEPC, le prix unitaire des sujets varie entre 5 000 et 10 000 ariary.

Ceux qui divulguent, vendent ou achètent des sujets d’examens encourent pourtant des peines d’emprisonnement. Pour les candidats, le couperet du Conseil de discipline peut aussi tomber, avec une exclusion des examens officiels pouvant aller jusqu’à cinq ans. Au-delà des faits, cette situation tend à mettre en lumière un état d’esprit vénal qui gangrène la société malgache. Une perméabilité à la corruption qui touche désormais collégiens et lycéens, au vu des profils des personnes aujourd’hui impliquées dans les affaires de fuite de sujets.

Ces affaires, qui fragilisent la crédibilité des examens officiels depuis plusieurs années, révèlent également une érosion du sens moral et éthique au sein de l’administration publique. “ Il est malheureux de constater qu’il faille mettre en place des dispositifs de sécurité aussi drastiques pour empêcher la divulgation prématurée des sujets d’examen. Il est pourtant question de l’avenir de nos enfants et de notre nation ”, déplore un acteur de la lutte anti-corruption lors d’un échange informel, hier, à Ivandry.

Pour rassurer l’opinion publique sur l’inviolabilité du secret entourant les sujets du baccalauréat, le ministère de l’Enseignement supérieur précise que les personnes concernées sont “en conclave depuis le 23 juin jusqu’au 31 juillet”. Un conclave placé sous vidéosurveillance et sous étroite surveillance des forces de l’ordre, 24 heures sur 24, ajoute la note ministérielle. Même les véhicules chargés de livrer les plis fermés aux centres d’examen seront équipés de caméras embarquées. Chaque salle d’examen sera également placée sous vidéosurveillance.

“ Nous en sommes à un point où nous devons surveiller ceux qui, en principe, sont censés garantir le bon déroulement et la crédibilité des examens officiels. Une remise en question et une reprise en main urgentes du sens moral et éthique au sein de notre société s’imposent ”, conclut l’acteur de la lutte anti-corruption.

Garry Fabrice Ranaivoson

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