ENVIRONNEMENT - Les lémuriens menacés d’extinction

Madagascar abrite 20 % des primates mondiaux, mais ses lémuriens sont gravement menacés. Une mobilisation urgente est réclamée pour les sauver.

Les lémuriens font face à une menace d’extinction.

Madagascar abrite environ 20 % des espèces de primates mondiales, mais la situation est critique : 96 % des lémuriens sont aujourd’hui menacés d’extinction. Chasse, domestication, déforestation et trafic illégal sont les principales causes de ce déclin alarmant. À l’occasion du 30e Congrès international de la primatologie, qui s’est ouvert hier au Novotel Ivandry, chercheurs, responsables publics et acteurs de la société civile appellent à une mobilisation urgente et collective.

« Les lémuriens de Madagascar sont victimes de la chasse, de la domestication et de la déforestation. Ces primates emblématiques de l’île sont aujourd’hui menacés dans leur existence même. Certains vivent enfermés dans des cages, coupés de leur environnement naturel, sans possibilité de se reproduire », a souligné le professeur Jonah Ratsimbazafy, président de l’International Primatological Society (IPS) et figure incontournable de la primatologie malgache.

Ces animaux, autrefois libres, vivent désormais dans des conditions artificielles. Le véritable combat, selon les experts, réside dans la protection de leur habitat naturel. Le professeur précise : « Environ vingt-huit mille lémuriens sont dénombrés en captivité ou sont devenus des animaux de compagnie. Les espèces abattues et consommées sont plutôt celles de grande taille, telles que les makis ou les lémuriens bruns. »

Actions concrètes

La destruction des forêts, accentuée par la précarité des populations locales, compromet gravement la survie de ces espèces. Privés de leur territoire, les lémuriens ne peuvent plus se rencontrer, se reproduire ou échanger leur patrimoine génétique. Conséquence directe : la diversité génétique s’effondre, les cas de consanguinité se multiplient, et certaines espèces s’éteignent dans l’indifférence.

« La réponse ne peut pas se limiter à des réunions ou à des déclarations d’intention. Il faut des actions concrètes, coordonnées, durables », insiste encore le professeur Ratsimbazafy.

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Max Fontaine, partage cet avis : « Madagascar héberge à lui seul 20 % des espèces de primates mondiales. » Une responsabilité internationale pèse donc sur le pays.

Mais la conservation ne saurait reposer uniquement sur les épaules des chercheurs ou des autorités. Elle nécessite une mobilisation multisectorielle impliquant scientifiques, communautés locales, pouvoirs publics, secteur privé et société civile.

La tendance actuelle reste préoccupante : le nombre de lémuriens continue de baisser. L’objectif, désormais, est de freiner et d’inverser cette évolution. Car sans action coordonnée, Madagascar risque de perdre l’un de ses plus précieux trésors biologiques – et, avec lui, une part de son identité.

Mialisoa Ida

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