ANTSIRANANA - Les centres pour enfants vulnérables menacés

Dans un contexte où les besoins sociaux sont croissants, plusieurs centres d’accueil pour enfants en détresse ferment leurs portes à Antsiranana, faute de moyens financiers.

Sœur Jeanine Couve a tenu à expliquer, devant la délégation conduite par le ministre du Travail, comment fonctionne son centre.

Les centres d’accueil, mis en place par des organisations non gouvernementales (ONG), locales et internationales, ont pour mission de recueillir des orphelins, des enfants victimes de maltraitance ou issus de familles en grande précarité. Mais, face à la suspension de nombreux financements, plusieurs de ces structures ont cessé leurs activités.

L’ONG Cœur et Conscience est l’un des exemples les plus marquants. Ses deux centres, situés en plein cœur de la ville, ont été contraints de fermer après avoir accueilli, pendant des années, des enfants venus parfois d’aussi loin qu’Ambanja ou Ambilobe. Plus de quatre cents enfants ont été accompagnés depuis la création de l’ONG, rappelle Patricia, une responsable de l’organisation.

Depuis 2011, Cœur et Conscience a mis en place un centre d’accueil pionnier dans la région, unique en son genre, qui a permis de prendre en charge des enfants en situation de grande vulnérabilité. Ce dispositif s’est appuyé notamment sur un réseau de quatorze familles d’accueil soigneusement sélectionnées. Ces familles ont reçu un soutien financier et matériel qui leur ont leur permis d’assurer une prise en charge bienveillante, presque familiale. Mais aujourd’hui, faute d’indemnités suffisantes, ce système est suspendu, mettant en péril la continuité de cette initiative humaine et solidaire.

Trop lourd

Seul le système de parrainage individuel, lancé en 2006, continue de fonctionner, bien que difficilement. Chaque parrain, basé à l’étranger, soutient un enfant via le siège international de l’ONG. Les aides ainsi récoltées permettent, dans la mesure du possible, de couvrir les frais de scolarité des enfants antsiranais parrainés.

Autre victime de cette crise, la Maison d’Arnaud, à Antanamitarana dans le district d’Antsiranana II. Ce foyer a accueilli une quarantaine d’orphelins, aujourd’hui réintégrés pour la plupart, dans leurs familles respectives ou placés dans d’autres structures lorsque cela était envisageable.

Le directeur exécutif, Rachidy Ahamada Ali, explique que le coût de fonctionnement est devenu trop lourd. Les financements étrangers sont devenus irréguliers et insuffisants pour couvrir les charges mensuelles, ce qui a également entraîné des licenciements de personnel.

Pour survivre, la Maison d’Arnaud s’est reconvertie en centre communautaire. Grâce à ses propres ressources, elle a pu se doter de matériel informatique et dispense aujourd’hui des cours d’informatique aux femmes célibataires de la localité, tout en offrant des formations agricoles aux éleveurs de la commune.

Quant au Foyer Nazareth, dirigé par Sœur Jeanine Couve à Grand Pavois, il fonctionne sans aucune aide extérieure depuis sa création en 1969. Son financement repose uniquement sur les récoltes d’un champ situé à Anketrakabe (Antsiranana II). À 82 ans, Sœur Jeanine a pris la décision de ne plus accueillir de nouveaux enfants. Une partie de ceux qui y résident aujourd’hui proviennent des anciens centres de Cœur et Conscience.

Raheriniaina

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne