Pour de nombreux jeunes Comoriens, poursuivre des études supérieures à Madagascar relève d’un rêve nourri depuis l’enfance. « Cela a commencé comme un rêve d’enfant. Au collège, je voyais mes aînés réussir et je rêvais de devenir comme eux. De plus, l’université d’Antananarivo était réputée pour son excellence », confie Zainoudine Mmadi, étudiant 5ème année en Lettres Françaises, à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Union des Comores, tenue au cercle Messe du Fort Duchesne Mausolée, dimanche.
C’est en 2019 qu’il décide de franchir le pas et de rejoindre Madagascar pour y acquérir les compétences qu’il jugeait inaccessibles ailleurs. « Aujourd’hui, je suis satisfait du parcours accompli. J’attends ma soutenance à l’université d’Antananarivo avant de rentrer dans mon pays d’origine », poursuit-il.
Actuellement, la communauté comorienne étudiante à Madagascar est estimée entre quatre mille et quatre mille cinq cents individus, selon Hayim Miftahou, président de la Coordination des Étudiants Comoriens à Madagascar (CECOM). Il souligne que ce lien académique entre les deux pays ne date pas d’hier. « La majorité de nos aînés ont aussi suivi leurs études supérieures ici. Les diplômes malgaches jouissent d’une reconnaissance et d’un prestige certains ».
Être étranger n’est pas toujours facile, mais nombreux sont ceux qui voient dans cette aventure une opportunité d’émancipation et d’excellence académique. « Je suis moi-même diplômé d’une université malgache, tout comme certains ministres actuellement en fonction et plusieurs membres de l’élite comorienne », confie Maoulida Hassane, chargé des affaires juridiques et culturelles à l’ambassade des Comores à Madagascar.
Si les études supérieures attirent de nombreux Comoriens à Madagascar, l’évacuation sanitaire figure également parmi les principales raisons de séjour.
Mais l’expérience n’est pas sans défis. « Nous vivons loin de nos familles et devons nous adapter à une culture différente », témoigne un autre étudiant. Les raisons de ce choix sont aussi d’ordre économique. « Le coût de la vie ici est bien plus abordable. Avec 400 000 ariary par mois, un étudiant peut subvenir à ses besoins, alors qu’ailleurs, il lui faudrait au moins le double», poursuit-il.
Mialisoa Ida