Face à l’absence de services financiers formels dans de nombreuses zones rurales des districts de la région Diana, les groupes d’épargne communautaire (GEC) s’imposent comme une alternative efficace, inclusive et durable. Ils gagnent du terrain.
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Le stade Tomboravo vibre au rythme du carnaval des membres «Lakile telo». |
Dans ces districts, une dynamique nouvelle est en marche. Les groupes appelés localement « Lakile telo » (trois clés), gagnent peu à peu la confiance des habitants et transforment le quotidien. Le terme est aujourd’hui sur toutes les lèvres dans toute la région et connaît une croissance remarquable.
Le concept de « Lakile telo », qui signifie littéralement « trois clés », est bien connu. Il fait référence à un système de gestion de caisse collective verrouillée par trois cadenas, tenus chacun par trois personnes différentes. Ce qui garantit sécurité et transparence des fonds collectés lors des réunions.
Pour Ambilobe, ce dispositif, soutenu par le ministère des Finances, connaît une croissance remarquable. En dix ans d’existence, il a permis la création de six cent trente groupes GEC et trente-quatre unions répartis dans les dix-sept communes du district d’Ambilobe. Ce succès est en grande partie dû à l’implication de l’Organisation de soutien pour le développement rural de Madagascar (OSRDM), qui joue un rôle moteur aux côtés de son partenaire IDAREC.
Basés sur des principes simples de solidarité, de confiance et de gestion partagée, ces groupes permettent à des individus, souvent en situation de précarité, d’accéder à une forme d’autonomie financière.
Composés généralement de quinze à trente membres, ces derniers font des cotisations régulières en vue de constituer un fonds d’épargne collectif. Ce fonds permet d’octroyer des prêts internes entre membres à faible taux d’intérêt afin de financer des urgences ou soutenir des activités génératrices de revenus.
Une décennie de solidarité
Ce système, basé sur la confiance mutuelle et la transparence, permet à des familles entières de retrouver une certaine stabilité financière. Dans plusieurs communes, ces groupes ont transformé des vies : micro entrepreneuriat féminin, scolarisation des enfants, achat de semences ou amélioration de l’habitat… Plus qu’un mécanisme d’épargne, c’est un véritable levier de développement inclusif. C’est pourquoi le gouvernement, par le biais du ministère des Finances, les soutient pleinement par un décret.
Les GEC n’ont pas laissé leurs dix ans d’existence passer inaperçus. À l’initiative de la fédération des GEC d’Ambilobe, ils ont célébré, pendant trois jours, une décennie de solidarité, de résilience, de progrès collectif et d’actions concrètes au service de la communauté d’Ankarabe.
La ville d’Ambilobe a vibré au rythme d’un défilé impressionnant organisé par les dix-neuf mille membres, qui ont traversé la ville pendant plusieurs heures, depuis l’église anglicane jusqu’au stade de Tomboravo. Une démonstration de force et de solidarité qui a suscité l’admiration de la population.
« Cette célébration n’est pas seulement un regard vers le passé, mais un élan renouvelé vers l’avenir. Ce que nous avons construit ensemble dépasse l’argent. C’est une confiance collective, un moteur d’autonomie et un espoir pour les communautés », témoigne le président de la fédération Lakile telo Ambilobe, Christo Andrianjara.
Raheriniaina