De Jean-Louis Ravelomanantsoa à Claudine Nomenjanahary, l’athlétisme malgache oscille entre exploits isolés et longues périodes d’oubli. Un héritage à raviver par la nouvelle génération.
![]() |
Jean-Louis Ravelomanantsoa et Claudine Nomenjanahary, deux sprinters d’époque. |
L’athlétisme malgache a perdu de son poids sur la scène continentale depuis des décennies. Entre l’épopée de Jean-Louis Ravelomanantsoa et la dernière performance de 11”32 réalisée par Claudine Nomenjanahary début juillet, le sprint malgache - et l’athlétisme en général - cherche à retrouver sa place. La génération actuelle est-elle capable d’écrire une nouvelle histoire ?
Finaliste du 100 mètres aux Jeux olympiques de Mexico en 1968, Jean-Louis Ravelomanantsoa reste la plus grande légende du sprint malgache. Huitième en 10”18, il inscrit Madagascar dans l’histoire mondiale. Mais après ce coup d’éclat, le silence s’installe. Les décennies suivantes révèlent des talents, sans qu’une relève réellement structurée ne voie le jour.
Dans les années 1990, une génération féminine émerge. Lalao Ravaonirina établit, en 1991, un record national au 100 mètres en 11”32, égalé cinq ans plus tard par Hanitra Rakotondrabe. Rosa Rakotozafy, elle, brille sur les haies : championne d’Afrique en 2002 (13”13) et 2004 (13”73), elle détient un record de 12”84 établi en 1999. Malgré ces performances, le manque de soutien institutionnel, d’infrastructures adaptées et de compétitions de haut niveau freine l’élan.
Durant les années 2000, Madagascar se distingue ponctuellement aux Jeux des Îles de l’océan Indien, mais reste discret sur la scène africaine. Le sport scolaire décline, les pistes se dégradent, les entraîneurs partent. L’athlétisme semble figé, sans vision à long terme.
Rallumer l’espoir
Il faut attendre 2023 pour qu’un nom rallume la flamme : Claudine Nomenjanahary. Championne régionale du sprint, elle multiplie les performances internationales. Le 28 juin 2024, elle court en 11”33 à Caen. Le 7 juillet dernier, à Sotteville-lès-Rouen, elle égale le record de Lalao Ravaonirina (11”32), trente-trois ans plus tard. « Cette journée est inoubliable. La souffrance a payé. J’espère encore réduire le chrono », confie-t-elle.
Installée à l’étranger, encadrée par un staff rigoureux, Claudine devient une locomotive. Son parcours inspire la jeunesse, à condition que la Fédération malgache d’athlétisme saisisse cet élan.
Autre modèle d’exigence et porteuse d’espoir pour la Grande Île, Sidonie Fiadanantsoa l’est. Spécialiste du 100 m haies, médaillée africaine, finaliste aux Mondiaux et qualifiée pour les JO de Paris 2024, elle devient la première Malgache à atteindre ce niveau dans sa discipline. Son sérieux illustre la voie du haut niveau : régularité et persévérance.
D’autres noms ont contribué à maintenir l’athlétisme malgache debout : Clarisse Rasoarizay, championne d’Afrique du 10 000 m en 2003; Berlioz Randriamihaja, hurdler international; et Toussaint Rabenala, recordman du triple saut, longtemps figure de proue continentale. Aujourd’hui, Steave Fabien Raharimihaja s’affirme sur le 100 m, promesse d’un relais enfin assuré. Claudine n’a pas encore battu le record, mais elle a ravivé l’étincelle.
Reste à transformer ces exploits en dynamique durable : centres d’entraînement, encadrement technique, détection en milieu scolaire. Et si 2025 marque la fin d’un cycle d’oubli, et le début d’une vraie transmission ? Des records, parfois vieux de plusieurs décennies, illustrent à la fois le potentiel historique de l’athlétisme malgache et l’urgence d’une politique de détection, d’accompagnement et de relève.
Quelques records des athlètes malgaches
Voici les meilleures performances homologuées en sprint et haies pour Madagascar. Elles rappellent l’existence d’un vivier d’athlètes talentueux, hommes comme femmes, ayant chacun marqué son époque.
Hommes :
200 m : 20”85 – Hubert Rakotombelontsoa, Antananarivo 1996
400 m : 46”80 – Todiasoa Rabearison, Mondiaux Doha 2019
110 m haies : 13”46 (+1.5) – Joseph-Berlioz Randriamihaja, JO Athènes 2004
400 m haies : 49”53 – Yvon Rakotoarimiandry, Francophonie Ottawa 2001
Dames :
100 m : 11”32 – Lalao Ravaonirina (1991) & Hanitriniaina Rakotondrabe (1996), Claudine Nomenjanahary (début juillet en France).
200 m : 23”09 (-1.1) – Rosa Rakotozafy, Pretoria 1999
400 m : 52”05 – Ony Paule Ratsimbazafy, Paris 1998
100 m haies : 12”84 (+2.0) – Rosa Rakotozafy, Niort 1999
400 m haies : 56”49 – Cendrino Razaiarimalala, St-Étienne 2001
Donné Raherinjatovo
Tout le système sportif est à revoir: athlétisme, judo, lutte, boxe, haltérophilie, tous ces sports individuels devraient nous ramener des titres continentaux et des qualifications olympiques. Ce n'est pas le cas car nous n'avons pas un Centre de Formation de cadres de haut niveau. Dommage car le potentiel de notre jeunesse est bien là.
RépondreSupprimer