ENTREPRENEURIAT - Les investissements dans l’énergie à encadrer

À Madagascar, l’avenir de l’énergie passe par l’entrepreneuriat local. Experts et acteurs appellent à l’intégration des projets dans l’économie pour assurer leur viabilité.

Les conférenciers lors de l’événement « Echo Vert, Voix d’Affaires », organisé  le 19 juillet à Le Pavé Antaninarenina. 

À Madagascar, l’avenir de l’énergie passe par l’entrepreneuriat. C’est ce qu’a rappelé Njaka Rajaonarison, fondateur du cabinet Esprit d’Entreprise (EdE), lors de l’événement Echo Vert, Voix d’Affaires, organisé le 19 juillet 2025 à l’hôtel Le Pavé à Antaninarenina, en partenariat avec l’APEESPA.

« Ce ne sont pas les ménages qui assurent la rentabilité d’une centrale, mais les petites activités économiques», a-t-il martelé.

Il cite l’exemple de Tolongoina, où la centrale de SM3E alimente plus de 300 foyers : 182 foyers dits « riches », 101 « moyens » et 54 « pauvres ». Pourtant, la consommation reste faible, limitée à un usage domestique en soirée. Seuls quelques consommateurs productifs — unités de petite entreprise (UPE) et commerces — utilisent réellement l’électricité pour créer de la valeur.

Sans activités économiques diurnes, les centrales deviennent déficitaires.

« Ce ne sont pas les ménages qui assurent la viabilité d’une centrale, mais les petites entreprises qui consomment en journée », a-t-il insisté.

Des infrastructures fragiles

Faute de demande suffisante, certaines installations ont mis la clé sous la porte. C’est le cas à Ranomafana (Anosy) et à Andina (Amoron’i Mania), où des producteurs privés d’électricité ont fait faillite.

Autre problème majeur : la qualité et la durabilité des infrastructures. « On installe des centrales censées durer cinq ans, mais elles s’usent en trois, faute d’entretien ou de moyens », déplore Rajaonarison.

Il pointe également du doigt les impayés, qui entravent les capacités de recouvrement et compromettent la pérennité des projets.

Face à ces constats, EdE plaide pour une approche intégrée :« Il faut encadrer les projets énergétiques dès le départ, et les relier aux réalités économiques locales. Sinon, c’est l’échec assuré. »

De son côté, Princia Randrianarijaona, présidente de l’APEESPA, met en avant les idées et l’engagement des jeunes.« Les étudiants ont des solutions, mais c’est l’accès aux financements qui bloque », souligne-t-elle.

Elle cite, entre autres, des projets prometteurs comme la transformation de déchets plastiques en carburant,la production de biogaz. Mais en l’absence de cadre stable et de partenaires financiers, ces innovations restent à l’état de prototype.

Pour EdE comme pour l’APEESPA, encadrer les investissements dans l’énergie revient à bâtir un écosystème vertueux, où l’innovation locale, la formation et l’entrepreneuriat vert se nourrissent mutuellement.

Irina Tsimijaly

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