Le ministre de la Justice, Benjamin Alexis Rakotomandimby, lance une vaste réforme pour assainir le système judiciaire. Une riposte contre le corporatisme et la corruption est engagée.
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Benjamin Alexis Rakotomandimby n’entend pas fléchir malgré la pression. |
Le ministre a indiqué avoir procédé au remplacement de plusieurs responsables d’établissements pénitentiaires. « Le chef d’établissement de la prison d’Antanimora a été remplacé plusieurs fois depuis ma prise de fonction. Il en est de même pour la prison de Tsiafahy. Mais il reste encore beaucoup à faire, car la situation demeure quasiment inchangée malgré ces décisions », a déclaré Benjamin Alexis Rakotomandimby, jeudi, en marge d’une séance plénière au Sénat consacrée à une proposition de loi sur le vol de bœufs.
Le ministre a reconnu que certaines personnes incarcérées avaient pu quitter la prison sans avoir purgé la totalité de leur peine. Il a également évoqué les privilèges dont bénéficieraient certains détenus, notamment dans les quartiers spéciaux comme le « Maputo » à Antanimora. Ces éléments auraient motivé le remplacement des chefs d’établissement concernés.
Par ailleurs, des magistrats impliqués dans des libérations anticipées ont été suspendus. « Je n’ai pas l’intention de revenir en arrière, même face à une menace de grève. Je suis et resterai du côté de la justice », a-t-il affirmé. Le ministre a précisé que des procédures de révocation pourraient être engagées.
Zéro liberté conditionnelle
Le ministre a annoncé qu’il rejetait désormais toutes les demandes de liberté conditionnelle. Il a expliqué cette décision par la nature des infractions concernées, principalement des meurtres ou des vols de zébus. « Je rejette toutes les demandes de liberté conditionnelle, c’est la justice elle-même qui a conduit à la condamnation. Il ne s’agit pas d’une simple formalité », a-t-il déclaré.
Il s’est également exprimé sur l’attribution des activités de main-d’œuvre pénale, estimant que certains profils ne devraient pas en bénéficier. « Les meurtriers, les violeurs et les voleurs de bœufs ne doivent en aucun cas bénéficier du droit à la main-d’œuvre pénale », a-t-il indiqué.
Le ministère a par ailleurs renforcé les inspections dans les juridictions et établissements pénitentiaires à travers le pays. Ces contrôles font suite à des signalements et plaintes transmis à l’administration, souvent liés à des faits de corruption ou à des dysfonctionnements internes.
Tsilaviny Randriamanga