Des lémuriens ont été abattus et pris en photo dans la partie Nord de l’île. Des citoyens et des associations lancent encore un appel pour arrêter le fléau.
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Les lémuriens sont menacés de disparition et d’extinction en raison de la chasse illégale et de la déforestation. |
Des photos d’une dizaine de lémuriens morts et embrochés ont circulé sur la toile depuis la semaine dernière. L’abattage de ces animaux a eu lieu dans la commune de Marovatolena, du district d’Analalava, de la région Sofia. Une source locale indique que les Forces de l’ordre et l’équipe de la direction régionale de l’Environnement et du Développement durable de Sofia sont « sur l’affaire et ont entamé des investigations ». Les informations concernant la suite des enquêtes ne sont pas encore disponibles. En attendant, de simples citoyens et des associations appellent les autorités à se pencher sérieusement sur cette grave menace pesant sur la biodiversité.
« Je suis sous le choc. Des lémuriens, nos trésors vivants, étalés sans vie sur le sol, braconnés, massacrés. À quoi servent tous ces ateliers, ces projets à plusieurs milliers d’euros, ces foires où l’on parle de tourisme durable, si ce pour quoi les touristes viennent à Madagascar est en train de disparaître sous nos yeux ? », déplore Farah Andrianaivomanjato, citoyenne engagée dans la sauvegarde de la biodiversité. Pour elle, l’heure n’est plus aux beaux discours, mais à des actions concrètes.
Cent douze espèces de lémuriens sont recensées à Madagascar. Certaines sont classées vulnérables, d’autres sont menacées, c’est-à-dire en danger ou en danger critique, selon le classement de l’UICN.
Contes et jeux
Le Pr Jonah Ratsimbazafy, président du Groupe d’Études et de Recherches sur les Primates (GERP), indique qu’il est difficile, pour l’heure, de recenser les espèces restantes de lémuriens. « Environ vingt-huit mille lémuriens sont dénombrés en captivité ou sont devenus des animaux de compagnie. Les espèces abattues et consommées sont plutôt celles de grande taille, telles que les makis ou les lémuriens bruns», explique-t-il.
« Une des solutions pour sauver les lémuriens du braconnage et de cette situation est la création d’aires protégées », avance le professeur. Néanmoins, l’application de la loi- qu’il est important de faire connaître, notamment dans les communautés éloignées- peut également freiner le fléau. « La vie des lémuriens devrait être une matière à part entière, à insérer dans le programme scolaire dès la maternelle », propose encore le primatologue.
Dans ce sens, Catherine Rhiat, présidente de l’Association pour la Sauvegarde des Lémuriens de Madagascar (ASLM), continue de faire mieux connaître les lémuriens à travers des contes en malgache, en français et en anglais. Elle crée des jeux de société et des outils pédagogiques imaginés et rédigés pour sensibiliser à la protection des lémuriens.
« Chaque lémurien mort nous rapproche un peu plus de leur extinction, laquelle serait une catastrophe pour les forêts malgaches et pour l’humanité. Aucune raison ne justifie le massacre des lémuriens.
Est-ce à cause de la pauvreté? Pour leur viande ? Par ignorance ? », s’interroge-t-elle. « Je parle des menaces qui pèsent sur les lémuriens dans les contes et les jeux que j’ai écrits. Je parle de ce que serait un monde sans lémuriens et je propose des pistes de solutions», conclut-elle.
Mirana Ihariliva