SOINS - Coup de pouce au tourisme médical

Un bloc opératoire du CHU JRA lors d’une opération gratuite de hernie en 2024.

L’État malgache a conclu un partenariat avec la France en vue de renforcer les compétences des professionnels de la santé. Cet accord a pour objectif de favoriser le développement du tourisme médical.

Les évacuations sanitaires deviendraient optionnelles. L’État s’active pour faire baisser le transfert médical à l’étranger. Il a signé un partenariat avec la France pour former des médecins spécialistes malgaches. «Une fois ces spécialistes formés, les recours aux évacuations sanitaires doivent fortement diminuer à Madagascar», a déclaré le ministre de la Santé publique, le professeur Zely Randriamanantany, dans le journal télévisé de la chaîne nationale, jeudi soir. 

Ce partenariat redorerait le blason des hôpitaux malgaches, en vue de promouvoir le tourisme médical. «Normalement, les malades en provenance de l’Afrique et de l’océan Indien vont revenir à Madagascar pour se soigner ici», enchaîne le ministre. Ce partenariat consiste à former des médecins déjà spécialistes, dont des professeurs. Ces spécialistes malgaches effectueront une formation de quelques mois dans des hôpitaux en France pour une «super-spécialisation». La formation débutera avec le domaine de la chirurgie, et s’étendra sur d’autres spécialités.

Les hôpitaux malgaches sont un dernier recours pour des hauts fonctionnaires, des riches investisseurs et ceux qui ont les moyens financiers. 

Retard de 50 ans

Lorsqu’ils sont malades, ils se rendent à Maurice, à La Réunion ou même en France pour se faire soigner, même pour des interventions sur des accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui peuvent pourtant être réalisées à Madagascar, selon des spécialistes.

«Nous avons des compétences, mais les outils manquent», rétorquent des spécialistes au sein du centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona, par rapport à ce projet de formation de spécialistes. «Notre plateau technique accuse un retard de 50 ans par rapport aux standards internationaux», confie avec amertume un chirurgien expérimenté de l’établissement, évoquant l’obsolescence des équipements médicaux dans les blocs opératoires. «À l’étranger, des hôpitaux exercent un acte chirurgical avec des robots. Chez nous, on continue à opérer avec des ciseaux, entre autres», regrette-t-il. Plusieurs professionnels de santé au sein de cet établissement à vocation chirurgicale ont signalé ce manque criant de matériel. «Ailleurs, les plateaux techniques sont très bien équipés et les matériels régulièrement renouvelés, ce qui n’est malheureusement pas le cas chez nous», déplore un réanimateur-anesthésiste qui a fréquenté des hôpitaux en France.

Des spécialistes estiment que résoudre ce déficit d’équipements est essentiel et urgent, pour améliorer les soins. «La formation doit précéder l’acquisition de matériel, qui se fera plus tard», note une source auprès du ministère de la Santé publique.

Chez la population malgache, la greffe d’organes — en particulier la transplantation rénale — constitue l’un des principaux motifs d’évacuation sanitaire. Pour réduire ces évacuations, il serait peut-être temps d’adopter la loi sur la greffe d’organes et rendre opérationnel le bâtiment dédié à cette intervention chirurgicale, déjà construit à Andohatapenaka.

Miangaly Ralitera

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