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Justin Tokely, président de l’Assemblée nationale, lors de son discours à Nosy Be, samedi. |
Le président de la Chambre basse botte en touche la rumeur d’une motion de censure contre le gouvernement. Il lance aussi un rappel à l’ordre aux membres de la famille politique au pouvoir.
Mettre les points sur les i. C’est l’objectif affirmé par Justin Tokely, président de l’Assemblée nationale, dans son discours prononcé sur la place La Banane de Dzamandzary, à Nosy Be, samedi.
« Contrairement aux bruits qui courent, il n’y a pas de motion de censure en préparation. Tout est calme à l’Assemblée nationale », déclare le patron de la Chambre basse, face au président de la République et à la quasi-totalité du gouvernement. Justin Tokely a profité de son allocution, lors de l’événement marquant la fin du déplacement du chef de l’État et de l’Exécutif sur l’île aux parfums, pour dissiper les doutes et balayer les rumeurs d’un vent de fronde contre le gouvernement qui pourrait souffler depuis l’institution de Tsimbazaza.
Chaque session parlementaire s’accompagne de rumeurs quant à l’éventualité d’une motion de censure contre le gouvernement émanant de la Chambre basse. Celle en cours actuellement n’y échappe pas. Le sujet se chuchote à nouveau dans les travées de l’institution depuis quelques jours. L’idée serait à l’initiative « d’une poignée de députés issus du groupe parlementaire Irmar [majoritaire à l’Assemblée nationale] ».
Justin Tokely s’appuie justement sur la confortable majorité dont jouit la formation politique au pouvoir à l’Assemblée nationale pour écarter ces spéculations.
« Dans tout État démocratique, la faisabilité d’une motion de censure est une question de rapport de force. Elle n’a donc pas lieu d’être, puisque ce sont ceux qui soutiennent le président de la République qui sont majoritaires à l’Assemblée nationale », soutient-il.
Discipline de parti
Avec plus de cent députés dans ses rangs, le groupe parlementaire « Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » (Irmar) est largement majoritaire à la Chambre basse. Il est également allié à deux groupes parlementaires composés d’élus indépendants, qui comptent une quarantaine de membres. Outre ceux de l’Irmar, les représentants des deux groupes d’indépendants ont participé au déplacement à Nosy Be la semaine dernière, et étaient présents à la tribune lors de chaque événement.
À écouter le discours du président de l’institution de Tsimbazaza, toutefois, certains députés au sein de l’Irmar pourraient effectivement avoir en tête de torpiller le gouvernement. « S’il y en a un ou deux qui nourrissent cette idée, cela pourrait découler de problèmes personnels et n’a rien à voir avec la vie du parti », affirme-t-il. Vêtu de sa chemise orange, couleur du parti présidentiel, et coiffé d’une casquette de campagne à l’effigie du chef de l’État, Justin Tokely a également saisi l’occasion pour rappeler l’importance du respect de la discipline et de l’organisation interne du parti.
« J’ai un message pour les membres de notre famille politique : la désignation d’une personne à un poste donné découle d’une organisation interne et d’échanges, et non d’un rapport de force. Si vous aspirez à une fonction, privilégiez le dialogue, les discussions, et non l’affrontement interne qui pourrait nous affaiblir. C’est précisément ce que souhaitent nos opposants : nous diviser », insiste le président de la Chambre basse.
La dernière motion de censure engagée contre le gouvernement, en décembre 2022, bien qu’ayant échoué, avait engendré une crise institutionnelle et ébranlé la cohésion au sein de la majorité. S’adressant au président de la République samedi, Justin Tokely a conclu : « Nous, au sein de l’Assemblée nationale, ne serons pas à l’origine d’une crise institutionnelle. »
Garry Fabrice Ranaivoson