RESSOURCES HALIEUTIQUES - La pêche crevettière reprend

Réouverture de la pêche aux crevettes.

La pêche aux crevettes a repris le 1er mars 2025 après trois mois de fermeture. Ce secteur clé de l’économie malgache doit faire face à des défis liés à la durabilité et à la régulation.

Le 1er mars 2025, après une interruption de trois mois, la pêche aux crevettes a officiellement repris à Madagascar. Cette fermeture annuelle, observée du 1er décembre au 28 ou 29 février, vise à assurer la régénération des ressources marines et à garantir la durabilité du secteur. Elle permet également aux entreprises de pêche d’entretenir leur flotte et de se préparer à la nouvelle saison.

Madagascar est un acteur majeur du marché africain des crevettes, représentant environ 12,5 % des exportations du continent. En 2024, la production nationale a atteint 3 546 tonnes, dont 3 065 tonnes exportées et 481 tonnes consommées localement. Ce secteur constitue une source de revenus significative pour l’État, générant chaque année entre 15 et 16 milliards d’ariary. Les 38 licences de pêche délivrées en 2024 ont permis de collecter 12,131 milliards d’ariary en recettes fiscales, tandis que la valeur totale des exportations est estimée à 105,677 milliards d’ariary.

Malgré son importance économique, la filière fait face à de nombreux défis. La pêche illégale représenterait près de 50 % de la production, compliquant ainsi le contrôle des ressources et la gestion des stocks. 

Subsistance

La surpêche et la dégradation des habitats marins, en particulier des mangroves où grandissent les juvéniles, menacent également la pérennité de l’activité. Par ailleurs, seule une pirogue sur cinq est enregistrée auprès des autorités, ce qui limite considérablement le suivi des captures et le respect des quotas.

Pour de nombreux pêcheurs artisanaux, la pêche aux crevettes demeure une source de revenus essentielle. Lors des périodes de fermeture, ils tentent de capturer d’autres espèces, mais ces alternatives ne suffisent pas toujours à compenser le manque à gagner. «Quand la pêche est fermée, on essaie de capturer d’autres espèces. Mais c’est vraiment avec les crevettes qu’on peut subvenir aux besoins de nos familles», témoigne un pêcheur de Mahajanga.

Face à ces enjeux, le gouvernement malgache mise sur une approche visant à concilier rentabilité et préservation des ressources. «Le gouvernement cherche à trouver un équilibre entre une pêche rentable et une pêche respectueuse de l’environnement, tout en tenant compte du rôle essentiel de l’humain dans ce processus», a déclaré le ministre de la Pêche et de l’Économie Bleue, Mahatante Paubert. Madagascar s’est engagé dans l’Initiative pour la Transparence des Pêches (FiTI) afin d’améliorer la gouvernance et la transparence du secteur halieutique.

Un atelier sur la pêche aux crevettes, organisé les 27 et 28 février 2025 à Mahajanga, a permis d’approuver un cadre pour une gestion plus durable, d’identifier des innovations et d’évaluer les progrès réalisés. Si la volonté de mieux encadrer le secteur semble évidente, sa mise en œuvre reste un défi de taille face aux réalités économiques et sociales du pays.

Irina Tsimijaly

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