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Des sinistrés ont transporté leurs affaires via des pirogues. |
L’Apipa appelle au respect strict des règles encadrant les constructions. Une dizaine de maisons érigées sur la digue de la Sisaony, à Ampitatafika, ont été démolies pour non-conformité à la législation en vigueur.
Une page se tourne pour la famille Ravelonjatovo. Installée depuis sept ans sur la digue à Anjanamaitso Ambohimangidy, dans la commune d’Ampitatafika, elle a décidé de quitter définitivement les lieux. Sa maison, gravement endommagée par la crue de la Sisaony et la rupture de la rive gauche de la digue survenue lundi matin, est désormais inhabitable.
« Nous ne reviendrons pas. Même si nous avions les moyens de la reconstruire, nous ne choisirions plus cet endroit. Le sol est sablonneux, et à chaque montée des eaux, tout s’effondre», confie le père de famille, venu récupérer les derniers effets épargnés.
Originaire de Manjakandriana, la famille avait migré à Antananarivo avec l’espoir d’y construire une vie meilleure. Elle envisage aujourd’hui de regagner son village natal, après ce nouvel épisode dramatique.
Comme elle, nombre d’habitants ayant perdu leur maison dimanche et lundi cherchent à tourner la page. Tous aspirent à reconstruire leur vie hors des digues, conscients du danger que représentent ces zones inondables.
« Cela fait seize ans que je vis ici, où je loue une petite case à 25 000 ariary. J’ai vécu deux catastrophes : celle de mars 2015 et celle de ce mois de mars 2025, où j’ai tout perdu. À chaque saison des pluies, l’angoisse revient. J’aimerais partir, mais je ne trouve pas de logement à un loyer accessible », témoigne Florine Razanamanana, mère de famille.
Responsabilité
D’autres résidents, présents depuis plus de vingt ans, hésitent à abandonner leur maison. Mais tous se disent prêts à partir si l’État l’exige.
« Nous savons que c’est dangereux, mais c’est ici que nous travaillons et que nos enfants vont à l’école. C’est pour cela que nous restons », explique Simone, propriétaire sur la digue.
Ces familles demandent en contrepartie à être relogées dans des zones sûres de la capitale, à l’abri des inondations.
À ce jour, aucune annonce officielle n’a été faite concernant une opération d’expulsion ou de démolition massive des habitations érigées illicitement. La compétence en matière de démolition relève des communes. Le maire d’Ampitatafika, Rado Ramparaoelina, reconnaît les difficultés d’application de la loi. Certains propriétaires affirment disposer de permis de construire. Le maire nuance : « Ce n’est pas moi qui les ai délivrés, si permis il y a. »
Le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire invite les citoyens à consulter les autorités communales et les services concernés avant toute construction, afin de prévenir ce type de situation.
L’Apipa rappelle que les digues sont des zones inconstructibles destinées à protéger les terres agricoles et les zones urbaines contre les crues. Les constructions illicites, tout comme certaines activités comme la fabrication de briques, contribuent à fragiliser ces infrastructures.
« Nous constatons que la largeur des digues s’est considérablement réduite, passant de 6 mètres à parfois 2 ou 3 mètres », alerte Andriamahafaly Ramanantsoa, directeur général de l’Apipa.
« Trop, c’est trop ! Respectons la loi. Protégeons nos vies», publie-t-elle sur sa page Facebook. Les ruptures de digue causent à chaque fois des dégâts importants, aux conséquences humaines et financières lourdes. La réparation de la brèche de 100 mètres survenue à Ambohimangidy en 2022 avait coûté quelque 400 millions d’ariary. Cette année, plusieurs digues ont cédé dans la capitale et ses environs, dont trois à Ampitatafika et deux dans l’Avaradrano. À combien s’élèveront encore les travaux de réhabilitation?
Miangaly Ralitera