COMMISSION DE L’OCÉAN INDIEN - Un sommet sous le sceau de la souveraineté alimentaire

Au centre, le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage et la secrétaire d’État chargée  de la souveraineté alimentaire, lors de la conférence ministérielle, la semaine dernière.

Les dirigeants des États membres de la COI se réuniront à Antananarivo le 24 avril. Les discussions porteront principalement sur la sécurité et la souveraineté alimentaires dans la région indianocéanique.

Sécurité et souveraineté alimentaire : pour le développement du marché de l’Indianocéanie. Tel est le thème du Ve Sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), qui se tiendra à Antananarivo le 24 avril. Un thème choisi par Madagascar, à l’initiative de l’événement, et qui s’inscrit dans les enjeux actuels auxquels sont confrontés les États membres de l’organisation régionale.

La souveraineté alimentaire constitue un objectif stratégique pour l’État malgache. Le président de la République, Andry Rajoelina, évoque la transformation agricole et affiche l’ambition de redonner à Madagascar son statut de grenier de l’océan Indien. La sécurité et la souveraineté alimentaires apparaissent également comme des priorités pour l’ensemble des pays membres, dans un contexte marqué par des chocs géopolitiques, des perturbations climatiques et une envolée des coûts logistiques, qui affectent la production et l’approvisionnement.

La guerre en Ukraine, les tensions en mer Rouge ou encore la guerre commerciale naissante entre grandes puissances ont des répercussions majeures sur les échanges internationaux. Une situation défavorable pour certains États de la COI, fortement dépendants des importations pour couvrir leurs besoins alimentaires. Certaines îles importent même des légumes d’Amérique du Sud. À cette vulnérabilité structurelle s’ajoute l’impact croissant du changement climatique, qui menace la production locale.

Les États insulaires membres de la COI figurent parmi les plus exposés aux dérèglements climatiques. Les dégâts causés par les cyclones et les intempéries de ces dernières semaines à Mayotte, La Réunion et dans plusieurs régions de Madagascar en témoignent. À Maurice, la sécheresse menace également les cultures. Au-delà du drame humain et des pertes matérielles, le rendement agricole subit de plein fouet les bouleversements du climat.

Espace commun agricole

Le Sommet d’Antananarivo, prévu le 24 avril, s’annonce comme une étape charnière. « Cette rencontre régionale de haut niveau permettra aux États membres de la COI de dresser le bilan de quatre décennies de coopération régionale et de tracer les perspectives d’un avenir commun. Elle sera l’occasion de renforcer la coordination régionale face aux défis majeurs du climat, de la biodiversité, de l’énergie et de l’économie », indique un communiqué de presse publié sur le site web de la COI le 14 mars.

Une réponse commune au défi partagé de la souveraineté alimentaire est portée par Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la COI. Il est à l’initiative de la création d’un Espace commun agricole pour les pays membres de l’organisation.

« Cet Espace doit permettre de produire des denrées adaptées à nos réalités, de renforcer les filières agro-industrielles, de fluidifier les échanges et d’assurer une libre circulation des acteurs économiques », a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture de la conférence ministérielle de la Commission, à Antananarivo, la semaine dernière.

Dans la même allocution, il a ajouté : « Notre avenir dépend de notre capacité à agir ensemble avec audace et détermination (…) faisons de l’Indianocéanie une région qui nourrit sa population avec ses propres richesses, qui crée des opportunités pour ses producteurs et qui s’impose comme un modèle de coopération régionale en matière de sécurité alimentaire. »

Le projet d’Espace commun agricole repose sur trois piliers. Le premier concerne l’identification d’une zone de production alimentaire sécurisée et stratégique. Le deuxième vise à faciliter la libre circulation des biens, via l’harmonisation des normes sanitaires et phytosanitaires, ainsi que la création de laboratoires dans chacun des cinq États membres. Le troisième pilier porte sur la mobilité des personnes et des compétences. Ces propositions seront soumises à l’approbation des chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet d’Antananarivo.

Garry Fabrice Ranaivoson

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne