Et si Donald Trump faisait des émules ? Après la suspension des activités de l’Usaid, une autre institution vient d’annoncer sa fermeture, en l’occurrence la fondation Friedrich Ebert Stiftung, au mois d’août, en raison d’une difficulté financière. Un départ inattendu après 60 ans de présence à Madagascar. On croyait que cela n’arriverait jamais, mais FES Madagascar fait partie des neuf pays où l’institution allemande a mis la clef sous le paillasson. Il y a donc peut-être, ou sûrement, d’autres raisons.
FES Madagascar intervient surtout dans la gouvernance politique, l’autonomisation des jeunes et la transformation socio-écologique. Plusieurs programmes figuraient parmi ses activités, à l’image des formations de jeunes journalistes, de jeunes leaders, de partis politiques, des ateliers et débats sur divers thèmes…
Beaucoup de jeunes, de journalistes, de politiciens ont pu ainsi bénéficier des opportunités offertes par FES Madagascar sans bourse délier. Des acquis personnels pour ceux qui ont eu la chance de travailler avec FES Madagascar. Mais justement, l’institution du parti SPD allemand a peut-être le sentiment de ne pas avoir rempli sa mission, étant donné que la situation du pays n’a cessé de se détériorer en 60 ans. Ceux qui ont été formatés par FES Madagascar n’ont rien pu changer. La pratique politique se dévergonde d’une année à l’autre, se privant de toute éthique.
Il y a de quoi être dépité quand on s’est investi dans ce projet et y a consacré plus d’un demi-siècle.
Les impacts des interventions de FES Madagascar dans le changement socio-politique ne sont peut-être pas perceptibles de manière patente, mais certainement déterminants dans la carrière et le développement personnel de beaucoup de jeunes. Maintenant, on devra combler ou pas le vide laissé par FES Madagascar. Ce n’est pas une obligation puisque ce n’est pas une nécessité vitale, et on peut s’en passer royalement, comme on peut oublier les apports de l’Usaid dans divers secteurs. Les étrangers ne sont pas non plus obligés d’aider les autres pays jusqu’à l’éternité. Donald Trump l’a compris. Les pays soutenus auraient dû se préparer à cette issue depuis toutes ces années d’assistanat. Ils auraient dû admettre que les aides doivent les aider à se passer des aides, pour parodier un célèbre président.
Nous voilà donc face à nos devoirs, à notre destin, maîtres de notre avenir, sans Dieu ni maître. Souverains quoi. Que demande le peuple ? Il nous reste à nous débarrasser de la Banque mondiale et du FMI. Mais l’ami Donald va sûrement s’en charger. On parie?
Sylvain Ranjalahy