![]() |
Mamitiana Rajaonarison, DG du Samifin. |
À Madagascar, le secteur informel domine largement l’économie. Cette situation compromet la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment de capitaux.
Le Service de renseignement financier de Madagascar (Samifin) a mis en garde contre les conséquences de cette prédominance du secteur informel. « Surveiller uniquement les entreprises formelles ne suffit plus. Il est impératif d’intégrer les acteurs de l’économie informelle pour assurer la traçabilité des flux financiers », a déclaré Mamitiana Rajaonarison, directeur général du Samifin. Cette problématique est amplifiée par une faible bancarisation, bien que le mobile money soit largement utilisé, l’accès limité aux banques traditionnelles réduit la traçabilité des transactions.
Entre 2020 et 2023, Madagascar a perdu plus de 2 000 milliards d’ariary à cause de la fraude fiscale, avec 35 % des flux financiers illicites détectés en 2023, selon le Samifin. Ces pertes fiscales affectent directement l’économie nationale et sapent la concurrence loyale. « La fraude fiscale nuit à l’ensemble de la population et fausse la concurrence. La formalisation de l’économie est indispensable pour protéger les citoyens et améliorer la gouvernance », a rappelé l’ambassadeur de l’Union européenne, partenaire de l’événement à travers le projet régional SecFin.
Simplification
Pour combler le fossé entre les secteurs formel et informel, le Fivmpama plaide pour une simplification des démarches de formalisation et un meilleur accès aux services bancaires. « Si nous voulons avancer, il faut faciliter l’accès aux services bancaires et simplifier les démarches de formalisation pour les petites entreprises », a souligné le président du Fivmpama, Rico Rakotondrasanjy. La JPBC 2025 a également mis l’accent sur la recherche universitaire, en organisant des activités scientifiques en partenariat avec les facultés de l’université d’Antananarivo. Des chercheurs et étudiants ont présenté des travaux sur la fraude fiscale, l’évasion fiscale et le blanchiment de capitaux. « Il est essentiel de comprendre comment ces phénomènes s’entrelacent pour mieux les combattre », a expliqué un enseignant-chercheur.
Le directeur général des Impôts (DGI), Germain, a clarifié la distinction entre fraude fiscale (acte délibéré d’évitement de l’impôt) et évasion fiscale (exploitation des failles du système). Des nuances qui sont essentielles pour élaborer des stratégies de lutte adaptées. À l’approche de l’évaluation mutuelle de 2026, le Samifin appelle à renforcer la coopération entre les autorités, le secteur privé et le monde académique. L’objectif est de bâtir une économie plus transparente et équitable, où l’informel cède progressivement la place à des pratiques légales et traçables.
Irina Tsimijaly