MAHAJANGA - Le gouverneur appelle à ne plus construire le long du littoral

Cet endroit est la seule partie où l’on peut regarder et admirer la mer à Mahajanga.

Le bord de mer dans la cité des fleurs devient le lieu privilégié de nouveaux venus pour des constructions. Le gouverneur de Boeny demande à ce que la politique d’urbanisme soit respectée pour préserver l’environnement.

S’il vous plaît, ne construisez plus de maisons le long de ce littoral. Laissons-le en héritage à nos enfants, petits et arrière-petits-enfants pour qu’il soit une propriété publique et non pas privée. C’est le seul endroit où l’on peut regarder la presqu’île de Katsepy et la mer. J’exhorte tous les responsables à ne plus y autoriser des constructions. Si tous ceux qui possèdent une autorisation veulent construire sur place, il ne reste plus que le bord, la seule fenêtre, pour pouvoir admirer la mer à Mahajanga. J’ai remarqué qu’on est en train de nettoyer un terrain sur une partie de cette zone. J’espère que c’est pour planter des arbres et non pour des travaux de construction quelconques », lance le gouverneur de la région Boeny, Mokhtar Andriantomanga.

Depuis quelques années, deux panneaux portant l’inscription « propriété privée » sont plantés sur le terrain situé entre l’hôtel Baobab Tree et le jardin d’amour. Tout le monde se demande qui en est le propriétaire. L’ancien chef de région, Jaffar Saïd, a toujours défendu les constructions sur cette zone côtière régie par la loi.

De nombreuses descentes et des menaces d’application des lois dans les années 2014-2016 ont été effectuées. Mais personne n’a pu empêcher la réalisation des travaux de construction à partir du jardin d’amour jusqu’en face de la maison verte. Ces maisons et villas appartiennent, entre autres, à des personnes de nationalité étrangère et aussi à un parlementaire.

Hormis ceux qui sont établis sur place depuis longtemps, quelques établissements hôteliers se sont multipliés, ces dernières années, jusque devant le cimetière et même sur la zone tampon, devant le siège de la Logistique pétrolière, qui mène vers le Village touristique. Le gouverneur a déjà fait une remarque à l’ancien directeur régional de l’Aménagement du territoire et des services fonciers de Boeny, en 2022.

Interdites

« Nous souhaitons que la politique d’urbanisme soit respectée à Mahajanga et que ces constructions autour de la Corniche soient interdites, si elles dissimulent la vue sur la mer. Le public a le droit d’accéder à la mer. Si l’aménagement du territoire n’est pas respecté, tôt ou tard, il ne restera plus rien du littoral et il faudra aller dans la haute ville pour voir la mer. La nécessité de préserver la zone restante de mangroves à Manapatana, comme zone tampon et non constructible, est aussi importante », martelait le gouverneur, il y a cinq ans.

Le directeur avait promis d’effectuer une investigation des zones non constructibles à Mahajanga. « Ce n’est qu’ainsi qu’un aménagement foncier légal peut respecter les intérêts communs », promet-il. Aujourd’hui, le droit du Majungais à accéder aux plages est menacé.

De grands bâtiments, dont des établissements hôteliers, cachent complètement la vue et surtout entravent l’accès à la mer, le long du littoral à partir de la résidence de la municipalité en face du Jardin d’amour.

Tôt ou tard, les habitants ne pourront plus se promener sur le littoral, nager, regarder la mer de près. D’ailleurs, c’est déjà la réalité à la petite plage à Amborovy et au Grand Pavois. Les plages publiques se sont transformées en propriétés privées. Tous les hauts responsables de la ville de Mahajanga qui se sont succédé, ont chacun une part de responsabilité dans cette protection du littoral.

Respecter la convention de Ramsar

Le littoral est une zone sinueuse où s’établit le contact entre la mer ou un lac et la terre.
Ainsi, les constructions doivent y respecter certaines règles, afin d’éviter les inondations ou la submersion marine, c’est-à-dire une inondation ponctuelle d’un secteur côtier. Les zones littorales ou zones côtières sont protégées par une convention qui y interdit les constructions.
C’est la convention de Ramsar qui les définit comme zones humides et dont le titre officiel est 
« Convention relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau ». Madagascar fait partie des cent soixante et onze pays (sur cent quatre-vingt-douze) qui ont signé la convention. Comme tous les signataires, la Grande Île s’engage notamment à tenir compte de la conservation des zones humides dans leurs plans d’aménagement et à veiller à une utilisation rationnelle de ces zones humides.

Vero Andrianarisoa

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne