7 FÉVRIER 2009 - Une commémoration dans la sobriété

Harilala Ramanantsoa et Hery Rasoamaromaka, déposant  une gerbe de fleurs sur la stèle du 7 février, à Ambohitsorohitra.

Comme chaque année depuis une quinzaine d’années, la tuerie du 7 février 2009 a été commémorée hier, à Ambohitsorohitra. Une cérémonie à laquelle le président Rajoelina n’a pas pris part, en raison de ses responsabilités à la SADC, selon les explications.

Un hommage sobre. La commémoration des victimes de la tuerie du 7 février 2009, devant le palais d’État d’Ambohitsorohitra, hier, s’est déroulée sans fioriture. Le grand absent de l’événement a été Andry Rajoelina, président de la République.

Leader du mouvement politique et populaire de 2009, ponctué tragiquement par le carnage d’Ambohitsorohitra, c’est la première fois que le chef de l’État manque une cérémonie d’hommage aux victimes depuis son retour au pouvoir, en 2019. Les seules autres fois où Andry Rajoelina n’a pas pris part à l’événement furent durant le quinquennat de son prédécesseur, le président Hery Rajaonarimampianina.

L’actuel locataire d’Iavoloha avait été absent du pays durant le mandat de son prédécesseur. Pendant la Transition, depuis 2010, jusqu’en 2013, la commémoration du 7 février a également été un événement politique pour raviver la flamme des militants du mouvement Orange, en 2009. Les cérémonies d’hommage pour souligner la portée symbolique de cet événement tragique ont repris depuis le retour au pouvoir de Andry Rajoelina, en 2019.

Les commémorations sont l’occasion pour le chef de l’État d’adresser un message politique à ses partisans et parfois, de décocher des scuds contre ses détracteurs. La sobriété de la commémoration d’hier, et l’absence du président de la République, intrigue alors. Selon les explications, le président Rajoelina serait en déplacement en Tanzanie pour prendre part au sommet conjoint de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC), et de la Communauté des États d’Afrique de l’Est ou EAC.

Le sommet conjoint aura lieu aujourd’hui et demain, avec comme ordre du jour de trouver une issue pacifique au conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo (RD Congo). Il fait suite au sommet extraordinaire de la SADC qui s’est tenu à Harare, capitale du Zimbabwe, le 31 janvier. En tant que président entrant de cette organisation régionale et siégeant ainsi au sein de la Troïka, dont la mission est de promouvoir la paix et la sécurité, Madagascar, par le biais du président Rajoelina, se doit d’être présent au sommet conjoint SADC-EAC.

Duel

Bien qu’il ait été absent à la commémoration d’hier, à Ambohitsorohitra, Andry Rajoelina a adressé un hommage aux victimes de la tuerie du 7 février 2009, via sa page Facebook et son compte Instagram. “Leurs voix et leurs cris résonnent encore en nous et sont gravés dans mon cœur. Cela consolide notre amour pour la patrie. Leur sang versé renforce notre patriotisme. Nous mettrons tout en œuvre et tous les efforts pour atteindre notre objectif”, est le message du chef de l’État.

Pour marquer le 16e anniversaire des événements meurtriers du 7 février 2009, hier, c’est donc Hery Rasoamaromaka, gouverneur d’Analamanga, qui a été désigné pour être au premier rang. Les sénateurs et les députés au sein de la coalition Orange, des membres du gouvernement, des responsables auprès de la présidence de la République, des militants politiques, des membres des familles des victimes et de l’association des victimes du carnage ont été présents à Ambohitsorohitra.

La présence massive de hauts responsables étatiques devant la stèle en hommage aux victimes, en face du palais d’Ambohitsorohitra, hier, est comme pour indiquer que malgré l’absence du Président, l’administration Rajoelina reste attachée aux idéaux du mouvement de 2009, et n’oublie pas les victimes. Durant le dépôt de gerbe, le gouverneur d’Analamanga, deux représentants des familles et de l’association des victimes, ont été accompagnés par Harilala Ramanantsoa, mairesse d’Antananarivo.

La victoire de Harilala Ramanantsoa lors des municipales dans la capitale est visiblement érigée comme une nouvelle victoire du mouvement Orange, mené par Andry Rajoelina depuis 2009, sur Marc Ravalomanana, ancien président de la République, et son parti, le “Tiako i Madagasikara” (TIM). Le mouvement politique et populaire de 2009 avait pour but de renverser l’ancien président Ravalomanana, au motif que son administration basculait vers l’autoritarisme et un monopole économique avec ses entreprises.

Lors du 7 février 2009, les manifestants, partant de la place du 13 mai, sur l’Avenue de l’Indépendance, à Analakely, ont marché jusqu’au palais d’État d’Ambohitsorohitra. Les militaires qui étaient chargés de la sécurisation du palais avaient alors ouvert le feu sur la foule. Résultat : quarante-huit personnes ont perdu la vie et plusieurs dizaines d’autres ont été blessées. Cet événement tragique du 7 février 2009 a accéléré la chute de l’ancien président Ravalomanana, qui finira par démissionner le 17 mars 2009.

Depuis les événements de 2009, le duel Rajoelina-Ravalomanana domine toujours la scène politique. Actuellement dans la posture de l’opposant, c’est l’ancien chef d’État qui veut à son tour faire vaciller l’administration Rajoelina. À Ambohitsorohitra, hier, la coalition Orange et ses partisans ont vraisemblablement voulu afficher un visage solidaire pour faire front face à leurs vis-à-vis politiques.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Triste souvenir vraiment...
    PS Le commentaire précédent a le mérite de citer et de traduire les paroles de commémoration.
    L'Express apporterai beaucoup a ses lecteurs en citant en VO et en traduisant communiqués et déclarations (du moins les phrases clés). Le rayonnement de Madagascar passe par sa langue, même pour les expats et les déracinés qui la parlent mal mais sont sensibles a son intense elegance...

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