INDUSTRIE TEXTILE - Les tenues de l’armée française confectionnées à Madagascar

Les uniformes d’apparat de l’armée française sont désormais confectionnés à Madagascar.

La filiale malgache du groupe Paul Boyé confectionne désormais les tenues d’apparat de l’armée française. L’usine possède une expérience de plusieurs années dans la confection de tenues militaires.

Un sujet qui fâche en France, mais une aubaine pour l’industrie textile malgache. Le groupe industriel français Paul Boyé a obtenu le marché de la confection des uniformes de l’armée française. Une partie des commandes, notamment les tenues d’apparat, selon la presse française, est fabriquée par la filiale malgache du groupe.

La confection des uniformes de l’armée française, même s’il ne s’agit que des tenues d’apparat, représente un enjeu financier conséquent, compte tenu des effectifs militaires, toutes armes confondues. Il s’agit, de surcroît, d’un contrat à long terme. Comme à Madagascar, l’attribution des marchés publics repose sur le principe du mieux-disant.

Le point qui alimente les critiques des chroniqueurs français est qu’une partie des commandes sera produite à Madagascar. Et ce, alors que l’entreprise précédemment bénéficiaire du marché, située dans le Pas-de-Calais, fabriquait intégralement ces uniformes en France. Il s’agissait également de son unique activité. En conséquence, elle devrait mettre la clé sous la porte, selon les médias français.

Concernant la décision du groupe Paul Boyé de délocaliser une partie de la production dans sa filiale malgache, la maire de Calais ainsi que certains chroniqueurs français emploient des termes condescendants ou véhiculent des clichés sur les pays du tiers-monde. «La production est faite par des petites mains» ou encore «faite par des mains d’enfant».

Qualifiés et expérimentés

Le coût de production à Madagascar est certes bien inférieur à celui de la France, mais les travailleurs malgaches, particulièrement dans le secteur textile, sont qualifiés et expérimentés. L’usine dispose même d’un centre de formation continue. Les différentes étapes de production sont réalisées à l’aide d’équipements modernes, notamment des machines permettant des découpes précises des tissus.

En réponse aux affirmations relayées sur certains plateaux télévisés français, Hanitra Fitiavana Razakaboana, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Fonction publique, rectifie, «il n’y a aucun travail des enfants». La membre du gouvernement ajoute, «certes, il reste des efforts à faire, mais le secteur textile est parmi les plus respectueux des droits fondamentaux des travailleurs à Madagascar».

La ministre assure également que l’État est particulièrement rigoureux sur le respect des droits des travailleurs et des règles sociales dans le secteur textile, «puisqu’il s’agit d’un secteur stratégique qui occupe une place importante dans l’exportation». Elle précise que les usines sont soumises à un audit tous les six mois par leurs clients internationaux, notamment sur ces aspects. «Si ce secteur se développe autant à Madagascar, cela signifie que nous avons le savoir-faire et que nous respectons les règles et normes internationales», affirme-t-elle.

Outre les usines bénéficiaires de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), les unités de production textiles malgaches comptent parmi leurs clients de grandes multinationales de l’habillement, y compris des marques de luxe. Quant au groupe Paul Boyé, son site officiel le présente comme «l’un des premiers fabricants européens d’uniformes, de tenues de combat et d’équipements de sécurité (EPI)». Fondée pendant la Première Guerre mondiale, cette entreprise familiale a su évoluer en s’adaptant aux exigences contemporaines du secteur.

Selon plusieurs sources concordantes, depuis 1992, la filiale du groupe Paul Boyé à Madagascar confectionne des uniformes militaires pour d’autres pays bien avant la France. Les tenues de militaires d’autres États européens, de pays arabes et même d’un pays d’Afrique du Nord, clients du groupe, sont également produites sur les chaînes de fabrication malgaches.

Garry Fabrice Ranaivoson

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