ENTREPRENEURIAT JEUNE - Un écosystème mieux appuyé

Le soutien des jeunes s’orientant vers l’entrepreneuriat se renforce ( Src photo : MIC)

De la Maison de l’Entrepreneuriat au programme Fihariana, en passant par le programme Miary financé par le Projet PIC, ou encore le Ceentre (Centre d’Excellence en Entrepreneuriat), sans oublier les multiples initiatives portées ou soutenues par les organes onusiens, les appuis en faveur de l’entrepreneuriat jeune se diversifient et montent en dynamisme.

Madagascar possède une jeunesse qualifiée de vibrante, représentant 65 % de sa population, soit plus de 20 millions d’individus. Cette génération représente une force considérable pour le développement du pays et peut initier des changements significatifs sur les plans politique, social et économique, aussi bien au sein de leur communauté qu’à l’échelle mondiale. C’est dans ce contexte que se développe tout un écosystème visant à promouvoir l’entrepreneuriat jeune dans le pays. Ainsi, par exemple, dans son nouveau cadre programmatique 2024-2028, le PNUD Madagascar place la jeunesse, et en particulier la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, au cœur des actions pour la concrétisation de ses priorités stratégiques. « La force de la jeunesse malgache réside dans son accès à toutes les informations grâce à la connectivité », soutient le PNUD, qui affirme s’engager à soutenir l’autonomisation des jeunes à travers l’entrepreneuriat vert et bleu et l’éducation civique.

Sur le plan économique, le PNUD soutient l’intégration des jeunes au sein de l’écosystème entrepreneurial en encourageant l’innovation, notamment dans l’économie verte et bleue, en promouvant l’inclusion financière, l’accès aux marchés et aux technologies, ainsi qu’en renforçant les capacités des entrepreneurs, des institutions et d’autres parties prenantes. Des initiatives concrètes ont été mises en place par le PNUD, à l’instar du soutien technique et financier aux entrepreneurs innovants, de la création de centres d’incubation et de laboratoires d’innovation, de la promotion du Label Vita Malagasy ou encore de la promotion de jeunes entrepreneurs malgaches à travers le programme Youthconnekt.

Mais d’autres entités sont tout aussi actives dans le domaine de la promotion de l’entrepreneuriat jeune. Selon Didier Rakotomalala, consultant et coach, l’entrepreneuriat des jeunes se met progressivement au cœur des priorités politiques, car c’est un moyen de favoriser la compétitivité et la diversification des activités productives et innovantes. Et notre interlocuteur d’ajouter que le gouvernement et les partenaires techniques et financiers, qui aiment à marteler que les jeunes entrepreneurs ont le potentiel nécessaire pour créer une nouvelle dynamique économique génératrice de croissance et d’emploi, sont condamnés en quelque sorte à instaurer un environnement propice à l’entrepreneuriat des jeunes.

Encore de gros efforts à fournir

Mais force est de constater que, malgré les efforts déjà déployés, le chemin reste encore long pour que l’entrepreneuriat jeune impacte de manière décisive sur la situation socio-économique du pays. Le nombre d’entreprises créées par des jeunes ne se compte encore que par centaines chaque année, ce qui est très loin de la moyenne africaine. Au Kenya, par exemple, plus de 2 000 entreprises sont créées chaque année par des jeunes, rien que dans le domaine de l’économie dite circulaire. Si, en milieu urbain, la promotion de l’esprit d’entreprise commence à apporter des résultats intéressants à Madagascar, dans les zones rurales, la situation est encore différente, et cela malgré le fait que les jeunes soient de plus en plus intéressés par l’agripreneuriat.

La politique visant à mettre en place des moyens alternatifs de création de nouvelles activités créatrices de richesses et de revenus est considérée unanimement comme une bonne option. L’entrepreneuriat des jeunes peut constituer une bonne partie de la solution pour résoudre le problème du chômage et de la petitesse du tissu productif du pays. Mais on rappelle également que l’enseignement et la formation sont essentiels pour cultiver l’esprit d’entreprise et développer les compétences spécifiques au lancement et à l’expansion des projets entrepreneuriaux.

Il faut aussi noter que les perceptions culturelles et l’acceptation des risques et des échecs liés à l’entrepreneuriat constituent les principaux obstacles à la création d’une société favorable à l’entreprise. Sur ce terrain, les décideurs publics et leurs partenaires ont un rôle de premier plan à jouer. Il est, de ce fait, important d’examiner comment le profilage de jeunes entrepreneurs prospères en tant qu’exemples à suivre et l’utilisation des canaux numériques pourraient contribuer à l’établissement d’une culture favorable à l’esprit d’entreprise. Il convient ainsi de redéfinir les processus d’enseignement et d’apprentissage à l’école afin de doter les jeunes des compétences nécessaires pour gérer l’échec et la réussite, qui sont autant d’enjeux spécifiques pour les entrepreneurs d’aujourd’hui.

Les initiateurs des projets d’appui aux jeunes entrepreneurs sont conscients de cette réalité. C’est le cas notamment de la Maison de l’Entrepreneuriat, un lieu dédié implanté en plein centre-ville à la disposition des étudiants, porteurs de projets et entrepreneurs. Le 21 septembre dernier, la MDE a organisé une journée intitulée « Pôle entrepreneuriat ». Des structures d’appui à l’entrepreneuriat de premier plan ont pris part à l’événement afin de guider les porteurs de projets et les étudiants à explorer de nouvelles perspectives et à se forger une mentalité d’entrepreneur. Des conférences thématiques ont été organisées dans le cadre de cette manifestation. Les sujets à traiter portaient, entre autres, sur le financement de projets, l’innovation et les meilleures manières de concrétiser des projets. Des échanges directs entre les experts et les acteurs majeurs du secteur ainsi que les futurs entrepreneurs du pays ont aussi eu lieu. En outre, la journée a été configurée « afin d’être une chance à saisir pour se connecter avec un écosystème entrepreneurial en pleine effervescence ».

La Maison de l’entrepreneuriat attire de nombreux jeunes  ( Src photo : MIC)

Le programme Miary en référence

De son côté, le Ceentre est aussi très actif. Cette structure accompagne, forme et sensibilise à l’entrepreneuriat. Elle intervient surtout en tant qu’ONG partenaire de mise en œuvre des bailleurs. Plusieurs thématiques sont abordées par le Ceentre, avec une attention particulière à l’économie durable. « Nous sommes sensibles à l’évolution de l’entrepreneuriat jeune à Madagascar en intervenant sur la personne de l’entrepreneur et son écosystème », soutiennent ses responsables, qui ne cessent de rappeler l’importance de former et d’accompagner les TPE et les startups dans leurs développements aux niveaux stratégique et opérationnel. « Nos activités tendent vers la réalisation de notre vision qui est de « placer l’entrepreneur d’impact au centre de l’écosystème entrepreneurial de Madagascar. Pour y arriver, nous nous fixons les valeurs d’intégrité, d’innovation et d’impact. Il s’agit de mobiliser l’écosystème au service de l’entrepreneur tout en inculquant aux jeunes la culture entrepreneuriale », ont-ils aussi fait savoir. Notons que cette ONG travaille sur trois volets d’actions : la sensibilisation des jeunes à la connaissance de l’entrepreneuriat, la formation en entrepreneuriat et l’accompagnement des entreprises et de leurs dirigeants.

Le Programme Miary n’est pas en reste. Issu d’une démarche visant à développer l’entrepreneuriat jeune, déjà lancée durant la phase 1 du projet PIC2, la seconde phase du programme de financement et de subvention aux jeunes entrepreneurs a appuyé plusieurs dizaines de jeunes porteurs de projets. Selon les explications fournies, la deuxième cohorte a combiné un mix de subventions et de crédits bancaires grâce à la collaboration avec le programme Fihariana qui, pour sa part, a déjà appuyé 26 000 porteurs de projets depuis son lancement en 2019. Le programme vise la croissance des activités économiques (augmentation de la productivité, des exportations et des chiffres d’affaires), la création d’entreprises et la création d’emplois dans les zones d’intervention : Anosy, Diana, Atsimo-Andrefana ainsi que l’île de Sainte-Marie. « Le programme Miary 2 a recherché les idées entrepreneuriales les plus innovantes », a-t-on aussi souligné. Les bénéficiaires ont eu une formation et un accompagnement en montage de business plan, en développement personnel et des coachings personnalisés. On sait en outre qu’à l’instar des programmes Miary dans le secteur du tourisme et de l’agribusiness sous PIC2, le programme Miary 3 a choisi de miser sur le digital dans sa 3e phase du projet (PIC3). Ainsi, « Miary Digital » a été mis en orbite pour soutenir les jeunes entrepreneurs du secteur numérique à Madagascar, en partenariat avec les incubateurs NextA, Orange Digital Center Madagascar et Zafy Tody.

Après un appel à projets qui a permis de recevoir deux cent  soixante-et-onze dossiers et une sélection rigoureuse, quarante-sept startups ont bénéficié d’un accompagnement ainsi que de formations à l’entrepreneuriat numérique, élaboration de business plan, gestion de projet, finances d’entreprises, marketing… Mais ce ne sont là que quelques exemples des initiatives et programmes mis en place pour booster l’entrepreneuriat jeune dans le pays. À noter, enfin, qu’un projet baptisé «SEEED» (Soutien à l’Écosystème Entrepreneurial pour l’Emploi Décent) a été lancé afin de mieux accompagner les accompagnateurs des porteurs de projets entrepreneuriaux. Ainsi, une vingtaine de structures d’accompagnement en entrepreneuriat devrait voir le jour prochainement.

Incuboost

Pour renforcer l’écosystème d’incubation

Les jeunes sont appelés à renforcer le tissu productif du pays  ( Src photo : MIC)

Un constat est fait : le nombre de jeunes voulant se lancer dans des projets entrepreneuriaux connaît une croissance continue. D’autant plus que les programmes destinés à appuyer ce domaine se diversifient. Parmi ceux-ci, le projet Incuboost, financé par l’Union européenne, vise à renforcer l’écosystème d’incubation à Madagascar. Il a débuté en mai 2023 et se clôturera en mai 2027. Selon les responsables du projet, des niveaux très différents d’accompagnement des entreprises coexistent aujourd’hui, sans qu’aucun mécanisme de reconnaissance ou de valorisation de la qualité des services rendus ne soit appliqué, pour faciliter l’orientation des entrepreneurs vers les différents services dont ils ont besoin. D’où la mise en place d’Incuboost, qui est composé de trois parties, chacune mise en œuvre par un partenaire différent.

La première composante du projet est mise en œuvre par un consortium impliquant le Ceentre et vise à renforcer les capacités des Structures d’appui aux entreprises (SAE) à Madagascar pour améliorer les formations et l’accompagnement proposé aux entreprises incubées. La seconde composante, mise en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), vise à mettre en place un réseau de structures d’appui aux entreprises afin d’améliorer la coordination des incubateurs entre eux et avec leur environnement (incluant le secteur financier).

Enfin, la troisième composante est mise en œuvre par l’UNCDF (United Nations Capital Development Fund) et vise à améliorer l’accès au financement pour les jeunes entreprises incubées. Cette composante va notamment renforcer l’implication du secteur financier auprès du réseau de SAE, renforcer l’éducation financière des promoteurs d’entreprises incubées et renforcer l’offre de services (notamment de crédit) par le secteur privé pour les jeunes incubés. C’est dans le cadre de la troisième composante du projet Incuboost qu’UNCDF a lancé un appel à propositions afin de développer l’accès au financement pour les jeunes entrepreneurs incubés. L’objectif principal est d’appuyer le développement d’une offre de financement spécifique pour les jeunes entrepreneurs incubés, notamment des startups, et de financer des entrepreneurs demandeurs. Cette offre de services devra être rentable et pérenne pour le prestataire de services financiers et accessible et adaptée aux contraintes et besoins des jeunes entrepreneurs.

L’ENTREPRENEURIAT JEUNE EN CHIFFRES

VERBATIM

Valérie Zafindravaka, 

Secrétaire Exécutif du programme Fihariana

« En s’associant à Fihariana, les entrepreneurs malgaches, notamment les jeunes, reçoivent un soutien crucial. Que ce soit pour lancer une nouvelle entreprise, étendre une activité existante ou explorer de nouveaux marchés, le programme se positionne comme un catalyseur pour concrétiser les ambitions entrepreneuriales à travers la facilitation de l’accès au financement, mais aussi en introduisant l’éducation entrepreneuriale et financière dans les parcours scolaires. »

Mamitiana Rakotomanantsoa,       

Directrice générale de l’Institut ISS

« Madagascar célèbre le Global Entrepreneurship Week (GEW), qui se tient tous les mois de novembre. L’Institut ISS organise à cet effet une série d’événements qui voit la participation des incubateurs renommés, entrepreneurs et passionnés du domaine. L’initiative vise à offrir une plateforme de visibilité pour les jeunes entrepreneurs ou ceux qui souhaitent s’y lancer, dans le but de renforcer l’écosystème entrepreneurial du pays. »

L'Express de Madagascar

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