La candidature à Antananarivo pourrait mettre à l’épreuve la cohésion du Firaisankina. |
Avec le “refus” de l’enregistrement de la candidature de Marc Ravalomanana à la mairie d’Antananarivo, la plateforme d’opposition est au pied du mur. À l’allure où vont les choses, le Firaisankina doit revoir ses plans et se résoudre à présenter un autre candidat.
Que faire ? Selon les informations, les ténors de la plateforme Firaisankina, présents dans la capitale, ont tenu une réunion hier. La riposte à engager suite au “refus” de l’enregistrement de la candidature de Marc Ravalomanana aux municipales à Antananarivo était à l’ordre du jour.
Des voix au sein de la plateforme d’opposition concèdent que la décision de l’Organe de vérification et d’enregistrement des candidatures (Ovec) “est logique”. L’une d’elles ajoute : “D’un point de vue légal, il ne pouvait en être autrement puisque le dossier de l’ancien président Ravalomanana n’est pas complet”. Le certificat de régularité fiscale lui fait défaut. De prime abord, cependant, le Firaisankina n’a pas encore de plan B.
À s’en tenir aux indiscrétions, la plateforme d’opposition est suspendue à la décision de l’ancien président de la République. “Avancer avec ou sans Marc Ravalomanana comme candidat” est le souhait de certains, bien qu’ils ne l’aient pas encore affirmé tout haut. D’autres appréhendent l’éventualité que le patron du parti “Tiako i Madagasikara” (TIM) opte pour la posture “c’est moi ou personne”, quitte à engager un nouveau bras de fer politique.
Après la désillusion du mouvement Blanc l’année dernière, l’idée d’engager une nouvelle bataille politique, extra-électorale, ne fait pas l’unanimité dans les rangs du Firaisankina. D’autant plus qu’un soubresaut politique pourrait conduire à un “cas de force majeure”, menant à un nouveau report du vote. Des membres de la plateforme d’opposition voient pourtant dans les communales une occasion de revenir sous les projecteurs de la scène politique par une victoire électorale.
“Un éventuel report des élections communales n’est pas dans l’intérêt de l’opposition, surtout dans les grandes villes. Cela donnera du temps au pouvoir pour mieux se préparer”, se chuchote-t-on dans les rangs du Firaisankina. Selon les informations, le camp au pouvoir a des difficultés à sélectionner ses porte-étendards pour les élections communales. Pour l’heure, le patron du TIM utilise les voies de recours dans l’optique d’une validation de sa candidature.
Un remplaçant
Le mandataire de l’ancien Président a saisi la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) hier pour contester la décision de l’Ovec. Selon Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la Ceni, la Commission a adressé une lettre à la direction générale des impôts hier même. Ceci, afin que cette dernière explique les raisons de la non-obtention du certificat de régularité fiscale par Marc Ravalomanana.
Une source au sein de l’administration explique que l’ancien chef de l’État “a joui d’une tolérance administrative liée surtout à la conjoncture politique”. Ce qui a fait qu’il a obtenu l’État 211 Bis en 2023 pour compléter son dossier de candidature à la présidentielle de cette même année. Le patron du TIM se serait engagé à s’acquitter de “ses arriérés fiscaux” en échange de cette tolérance administrative.
Visiblement, l’administration fiscale a mis fin au délai de grâce accordé à l’ancien chef de l’État. Ses arriérés fiscaux seraient pourtant colossaux. Vraisemblablement, la surface financière dont dispose le chef de file du TIM ne lui permet pas de s’en acquitter, du moins, dans les temps impartis pour pouvoir valider sa candidature aux municipales d’Antananarivo. Il doit compléter son dossier avant la date butoir de la période de dépôt des dossiers de candidature.
Selon la loi sur les Collectivités territoriales décentralisées (CTD), la Ceni statue sur la contestation de la décision de l’Ovec dans les 48 heures qui suivent la réception de la lettre de saisine. Le cas échéant, Marc Ravalomanana peut s’en remettre au tribunal administratif qui statue également dans les 48 heures qui suivent la réception du dossier. Néanmoins, la situation impose à la plateforme Firaisankina de statuer sur un plan B.
Le Firaisankina pourrait se trouver dans l’obligation d’aligner un autre candidat à la course à la magistrature de la capitale. “En cas d’annulation d’une candidature, le parti politique, le groupement de partis politiques ou le groupement de personnes indépendantes qui l’a présentée dispose d’un délai de quarante-huit heures (...) pour présenter une nouvelle et dernière candidature de remplacement (...)”, prévoit la loi sur les CTD.
La question de la candidature aux municipales dans la ville des Mille pourrait mettre à l’épreuve la capacité des ténors du Firaisankina à trouver un consensus dans l’intérêt de la plateforme. “Étant donné les enjeux politiques, l’idée que le Firaisankina, qui est la principale entité d’opposition, n’ait pas de candidat à Antananarivo est inconcevable”, indique en coulisse une figure de la plateforme. La première étape consiste d’abord à convaincre Marc Ravalomanana de lâcher l’affaire et ensuite, lui trouver un remplaçant crédible.
Garry Fabrice Ranaivoson