Les temps sont durs. À preuve, l’État est contraint de revoir son train de vie sous la pression du Fonds Monétaire International. L’Assemblée nationale se réunit pour adopter une Loi de Finances Rectificative après une réduction de budget au niveau des institutions et des départements ministériels. Eh oui, pour pouvoir bénéficier de sa manne modestement appelée Facilité Élargie de Crédit, le FMI impose des recommandations sinon des conditions. Il exige un équilibre des paramètres macroéconomiques. Ce qui n’a pas été fait lors des négociations de février. Les recommandations ne sont pas faciles à respecter à l’image de l’application de la vérité des prix sur les carburants. Si c’était le cas, le litre du sans plomb avoisinerait les 8.000 ariary. L’État sait pertinemment que cela est insupportable pour la population et peut créer une instabilité ingérable. Il préfère continuer à administrer les prix quitte à laisser les compagnies pétrolières exemptés des redevances sur l’entretien routier. Un bon arrangement vaut toujours mieux qu’un mauvais œil. Jusqu’à quand cette entente va-t-elle tenir ?
Si cela ne dépendait que du FMI, elle n’aurait jamais dû exister. Depuis 1996 et la loi sur la privatisation et la libéralisation, l’État ne devrait plus intervenir sur les prix. C’est le revers de la mondialisation. Comment peut-on imposer le même prix du carburant au pays le plus pauvre au monde dont le PIB par habitant est de 2 dollars par jour que celui de l’Irlande dont le PIB par habitant est de 102.390 dollars, de la Suisse avec 93.515 dollars…? C’est d’autant plus vrai quand on sait que le salaire minimum à Madagascar est de 234.000 ariary contre 1.300 euros en France. Ce qui fausse tous les raisonnements.
Mais le FMI a ses raisons que la population ignore.
D’autres sujets figuraient dans les négociations. La décision finale sera prise lors de l’assemblée générale du FMI. En attendant, le pays est pendu à l’issue de ce compte FEC ou pas. Entretemps, les législatives occupent l’actualité avec son lot d’écarts de conduite et d’abus. L’enjeu est tel que la plupart des députés ont préféré faire campagne qu’assister à l’ouverture de la session parlementaire.
De son côté, la population reste stoïque et admirable de résilience dans des quotidiens sans eau ni électricité. Elle espère que l’arrivée d’un Israélien à la tête de la Jirama mettra fin à son purgatoire. Il y a de quoi être optimiste quand on sait que le fils d’Israël a commencé par créer un mur de lamentation avec son portable. Amen.
Sylvain Ranjalahy