TAUX DE CHANGE - L’ariary peine à se redresser

L’ariary continue de se déprécier face aux principales devises étrangères, notamment l’euro. Malgré un contexte international parfois favorable, la monnaie malgache reste fragile.

La dépréciation de l’ariary se fait ressentir.

Depuis plusieurs mois, l’ariary continue de perdre de la valeur. Hier, un euro s’échange à environ 5 084 ariary et un dollar à 4 435 ariary, selon la Banque centrale de Madagascar. Entre février et avril, la monnaie malgache a encore reculé de près de 9 % face à l’euro.

Cette baisse n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une tendance observée depuis deux ans. Pour certains économistes, cette situation est liée à un déséquilibre durable entre la production nationale et la consommation du pays.

« Nous importons beaucoup plus que nous n’exportons. Donc, nous avons besoin de devises étrangères, et ça fragilise l’ariary », explique un économiste basé à Antananarivo.

Même si le dollar s’est affaibli ces derniers mois sur les marchés internationaux, cela n’a pas profité à la monnaie nationale. L’euro, lui, s’est renforcé grâce à une politique monétaire plus stricte en Europe. « L’Union européenne a mieux géré sa politique monétaire, ce qui a renforcé l’euro. En face, la confiance dans le dollar a un peu baissé, mais ce contexte n’a pas aidé l’ariary, car nos problèmes sont surtout internes », poursuit-il.

Fragile

À Madagascar, l’économie repose beaucoup sur les importations. Le pays produit peu de biens transformés et dépend fortement de l’extérieur, notamment pour les produits alimentaires ou les biens de consommation. Cette dépendance se traduit également par une hausse des prix, comme ceux de la farine ou du paddy, qui ont fortement augmenté en juin.

« Tant qu’on ne produit pas plus localement, on restera dépendants de l’extérieur. Et donc, de la valeur des monnaies étrangères », note l’économiste.

D’autres pays de la région, comme Maurice ou les Seychelles, ont réussi à mieux stabiliser leur monnaie en misant sur des secteurs comme le tourisme ou l’industrie légère. Madagascar, lui, n’a pas encore pu faire de ces secteurs des piliers forts d’entrée de devises. Selon l’économiste, des injections de devises par la Banque centrale peuvent aider à court terme, mais elles ne suffisent pas.

« La vraie solution, c’est d’avoir une économie qui attire naturellement des devises, avec des produits ou services compétitifs. Sinon, la monnaie reste vulnérable. »

En résumé, la faiblesse de l’ariary s’explique surtout par un manque de production locale et une forte dépendance aux importations. Tant que ces déséquilibres ne sont pas corrigés, la monnaie nationale aura du mal à se redresser de façon durable.

Irina Tsimijaly

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