UNRWA, l’acronyme de l’infamie ? Un rapport qu’Israël a transmis à son allié américain ainsi qu’à la direction de l’UNRWA le ferait penser. Des extraits en furent publiés le dimanche 28 janvier par le New York Times. Le rapport israélien dénonce la participation de douze fonctionnaires (dont neuf enseignants et un travailleur social) de l’UNRWA aux attaques terroristes du 7 octobre 2023. Dix d’entre eux feraient partie du Hamas, un autre affilié au jihad islamique. L’un d’eux aurait directement participé au massacre de 97 personnes dans le kibboutz Be’eri.
UNRWA, «United Nations Relief and Works Agency», Agence de secours et de travaux des Nations unies (dédiés aux réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient), agence d’aide humanitaire, créée en 1949. Elle subvient aux besoins de 5,9 millions de réfugiés (à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie, en Syrie), descendants des 700.000 Palestiniens déplacés à la suite de la création de l’État d’Israël en mai 1948 et de la guerre israélo-arabe qui s’ensuivit.
Après les révélations de ce 26 janvier 2024, le jour même de l’ordonnance de la CIJ (Cour internationale de Justice) condamnant Israël pour génocide sur la base, entre autres, de rapports de l’UNRWA, dix-sept pays suspendent leur financement à l’Agence.
Le communiqué du 26 janvier 2024, de Philippe Lazzarini, Commissaire Général de l’Agence, est explicite : «The Israeli authorities have provided UNRWA with information about the alleged involvment of several UNRWA employees in the horrific attacks ont Israel on 7 october. (...) «acts of terror» (...) «UNRWA reiterates its condemnation in the strongest possible terms of the abhorrent attacks on 7 october and calls for the immediate and unconditionnal release of all Israeli hostages and their safe return to their families». Mais, tous les employés de l’UNRWA partagent-ils les sentiments exprimés par les mots de leur Commissaire Général ?
États-Unis, Canada, Australie, Japon, Italie, Royaume-Uni, Finlande, Allemagne, Pays-Bas, France, Suisse, Autriche, Suède, Nouvelle-Zélande, Islande, Roumanie, Estonie, Union européenne, ont suspendu leur financement. Ce qui n’est pas sans conséquences quand on consulte le le Top 10 des États donateurs de l’UNRWA pour 2022 : États-Unis (344 millions USD), Allemagne (202 millions USD), Union européenne (114 millions USD), Suède (61 millions USD), Norvège (34 millions USD), Japon (30 millions USD), France (29 millions USD), Arabie saoudite (27 millions USD), Suisse (25,5 millions USD), Turquie (25 millions USD).
Cette crise à l’UNRWA m’aura permis d’apprendre que les principaux donateurs de l’Agence (États-Unis en tête) sont finalement ceux que les rues arabes (et palestiniennes) aiment insulter en brûlant spectaculairement, par exemple, la bannière étoilée. Aujourd’hui, ils découvrent que sans les 30% de la participation américaine au milliard de dollars du budget, c’est la survie d’un million de Palestiniens qui serait en péril.
Autre enseignement, dans le Top 20 de l’aide aux Palestiniens via l’UNRWA, ne figure que quatre pays musulmans : Arabie saoudite, Turquie, Koweit, Qatar.
Suite aux accusations d’Israël, le Canada (23,7 millions USD à l’UNRWA en 2022) a décidé de confier son aide d’urgence de 30 millions de dollars à d’autres organismes comme l’UNICEF ou la Croix-Rouge. Parce que, dans la bande de Gaza, outre l’UNRWA, travaille par exemple également l’OCHOA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, Bureau de coordination des aides humanitaires). La suspension des financements inquièterait donc davantage les pays arabes riverains qui accueillent une importante communauté palestinienne (240.000 au Liban, 2.000.000 en Jordanie...).
Neuf des employés incriminés ont été aussitôt licenciés. Les autorités onusiennes s’engagent à faire mener des investigations internes. La formule est-elle crédible ? C’est bien la raison de la proposition alternative de la Commission européenne d’un audit extérieur par des experts indépendants.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja