Des collines dénudées depuis le XVIIe siècle

Le reboisement sur les collines d’Antananarivo ne commence que sous l’occupation française.


Le feu de brousse est à l'élevage ce qu'est le tavy à la culture. Ainsi les raisons qui conduisent à les condamner, sont proches par bien des points. En bref, elles répondent au souci d'assurer la conservation des sols. D'après Jean Dez, en 1966, la pratique du feu de brousse est commode pour l'éleveur parce qu'elle le dispense de chercher à améliorer ses méthodes d'élevage en recourant à la stabulation. Elle facilite aussi la divagation des troupeaux, « donc leur dissimulation au contrôle fiscal peut-être, mais aussi à l'action de l'encadrement technique moderne ». Les mises à feu de prairies ou de tanety couvrent des superficies étendues. « Il est facile d'y mettre le feu, mais difficile d'en limiter la propagation! » On admet qu'une superficie moyenne de 4 à 5 ha est suffisante, mais nécessaire pour nourrir un bœuf selon l'élevage extensif des Plateaux et de l'Ouest. Mais les feux de brousse s'étendent sur des distances bien supérieures, ce qui a des conséquences dommageables.

Le premier dommage est l'appauvrissement progressif des pâturages au profit des espèces plus silicifiées parce que plus résistantes, mais elles sont aussi impropres à la consommation animale. Le feu cuit le sol en surface. Ce sol n'est souvent qu'une sorte de terre argileuse. Il le rend de plus en plus stérile. « La prairie trop souvent brûlée perd son caractère de tapis végétal continu, pour ne plus consister qu'en mottes que surmontent des touffes d'herbes isolées et entre lesquelles le terrain est stérilisé. » La destruction du tapis herbacé entraîne une érosion accélérée des pentes privées de leur cœur végétal, d'abord temporairement, après la mise à feu, puis d'une façon de plus en plus prolongée avec la destruction progressive de la prairie. En outre, les feux sauvages ou non contrôlés détruisent des reboisements sinon entament des massifs forestiers. Certains vieux récits décrivent que, jadis, les vallées étaient occupées par des bois ou des marais. Elles étaient progressivement défrichées par le feu pour en faire des rizières. L'aspect du terrain avait disparu presque totalement, les lambeaux qui en subsistent sont minimes. « Les collines étaient dénudées, supportant cultures souvent en terrasses et pâturages, les bœufs étant beaucoup moins nombreux que maintenant; et c'est grâce à elles que l'on circulait de village en village. »

Ceux-ci sont alors installés sur les hauteurs, entourés de défense (fossés, murs) et de terrasses. L'époque à laquelle on peut situer ce paysage est approximativement le XVIIe siècle. Selon Jean Dez, Andrianampoinimerina interdit de planter des arbres en Imerina, sans doute, pour sauvegarder un élément du paysage traditionnel et cela présente un avantage: « Sans arbres, il est possible de voir les gens et les troupes d'hommes circuler, dans l'impossibilité de se dissimuler sous des couverts forestiers et, sans doute, jugeait-il cela meilleur pour la sécurité du pays. » C'est à l'époque coloniale que l'on commence les nombreux reboisements, surtout en eucalyptus et en mimosas. Il est également probable que les régions élevées soient victimes d'un lent processus de désertification qui serait la conséquence « d'un abaissement de la nappe phréatique dû à des captures et à l'érosion régressive ».

1 Commentaires

  1. Bonjour, est-ce que vous avez des bibliographies sur cet article ? Aussi, la photo est trop belle, on peut les trouver où ?

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