MANIFESTATIONS - Une année politique sous le signe de la Gen Z

En 2025, la génération Z est sortie des réseaux sociaux pour investir la scène politique à travers une mobilisation inédite sur l’accès à l’eau et à l’électricité. 

Les jeunes ont porté leur voix dans les rues d’Antananarivo.

L’année 2025 restera comme un moment de rupture dans la vie politique. Un tournant inattendu, marqué par l’irruption massive de la génération Z dans l’espace public. Longtemps perçue comme désengagée, cantonnée aux réseaux sociaux ou enfermée dans une posture d’observatrice critique, cette jeunesse a choisi une autre voie : celle de la mobilisation collective, de l’interpellation directe du pouvoir et de la contestation visible. En quelques semaines, la Gen Z a imposé de nouveaux visages, de nouveaux symboles et de nouvelles méthodes d’action, prenant de court les acteurs politiques traditionnels.

Ces mobilisations ont mis en lumière un malaise social et politique profond, nourri par la précarité économique, les difficultés persistantes d’accès à l’eau et à l’électricité, et un sentiment largement partagé d’avenir bloqué. Sans leaders traditionnels clairement identifiés, mais portée par une forte capacité d’organisation horizontale et une maîtrise des outils de communication, la Gen Z a bousculé les codes classiques de la contestation et révélé les limites des réponses institutionnelles face à une colère diffuse mais déterminée.

À l’origine, la mobilisation initiée par la génération Z poursuivait un objectif précis et concret : réclamer un meilleur accès à l’eau potable et à l’électricité. Les coupures prolongées et défaillances structurelles pèsent sur le quotidien des ménages. Le point de départ du mouvement a été une action symbolique contre les coupures d’eau et d’électricité, menée par trois conseillers municipaux, Faniry Alban Rakotoarisoa, Clémence Raharinirina et Lucie Vololoniaina, alias Lily Rafaralahy, devant le Palais du Sénat. 

Forces et limites

Dans la foulée, ils ont annoncé l’organisation d’une manifestation à la place de la Démocratie à Ambohijatovo, prévue pour le 25 septembre. Mais cette initiative a rapidement changé de nature. Deux des élus municipaux à l’origine de l’appel ont été arrêtés et placés sous contrôle judiciaire, laissant la manifestation se tenir sans leaders identifiés. Ce vide organisationnel, loin de freiner la mobilisation, a contribué à transformer le mouvement.

Contre toute attente, malgré l’absence de ses principaux initiateurs, la manifestation du 25 septembre a rassemblé bien plus de participants que prévu. La majorité des manifestants étaient des jeunes se revendiquant explicitement de la génération Z, en référence à d’autres mouvements contemporains portés par la jeunesse à l’échelle internationale, notamment au Népal.

Vêtus majoritairement de noir, certains arborant le symbole du célèbre animé One Piece, le drapeau pirate à la tête de mort coiffée d’un chapeau de paille, perçu comme un emblème de liberté et de rupture avec l’ordre établi, ces jeunes ont affirmé une identité collective forte. Sans chef, sans structure hiérarchique visible, mais unis par des revendications communes, ils ont incarné une forme de contestation nouvelle, décentralisée et difficile à contenir.

Pour la première fois depuis 1972, les politiciens ont été largement écartés de la conduite d’un mouvement politique d’ampleur nationale. La Gen Z s’est revendiquée comme un mouvement apolitique, avec la volonté affichée de rompre avec les pratiques de l’ancien système.

Mais cette posture, qui a fait la force du mouvement dans sa phase initiale, en révèle aujourd’hui les limites. Faute de structuration politique claire et de stratégie à long terme, la mobilisation s’est progressivement diluée dans des négociations et des marchandages politiques, marqués par le retour en force d’acteurs déjà associés aux échecs des régimes précédents.

Tsilaviny Randriamanga

1 Commentaires

  1. Grand merci à la GEN Z d'avoir viré du pouvoir un autocrate gouverneur de la France , traite à la nation , qui n'a fait que s'enrichir et en même temps appauvrir la majorité des Malgaches . Ce tyran sanguinaire , parce qu'il y a eu mort d'hommes par une répression brutale et barbare lors de ces manifestations légitimes , doit rendre des comptes . Cette jeunesse lucide qui réclame également la mise en cause devant la justice de Rainilainga avec son obscurantisme avec le fameux CVO à l'origine de nombreux décès évitables en retardant le démarrage de la vaccination anti-covid . C'était une année qui marque un tournant décisif pour l'avenir de ce pays et avec la perspective d' élection présidentielles libre , transparente et acceptée par tous rien ne sera plus comme avant à notre sens !

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