Elahisaore Emahavatse dresse une rétrospective de la vie politique de la région Atsimo Andrefana et avance des propositions pour un réel décollage en 2026.
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| Emahavetse, candidat député malheureux à Ampanihy. |
L’Express de Madagascar : La région Atsimo Andrefana vit-elle déjà dans le changement prôné par le mouvement des Gen-Z en septembre dernier ?
Le mouvement des Gen-Z initié par les jeunes à Antananarivo a apporté un vent de changement jusque dans la région Atsimo Andrefana. C’est un fait. Je ne mentionnerais que trois points : la liberté d’expression, le délestage réduit et la baisse de l’insécurité. Il est possible de porter ses points de vue, et sur les réseaux sociaux et sur les médias, portant sur des critiques pour le changement. Ce qui n’a pas été possible avec l’ancien pouvoir qui n’a pas hésité à m’envoyer des forces de répression après des publications sur Facebook. Si on fait une analyse profonde, les revendications pour avoir accès à l’électricité et à l’eau, clamées par les Gen-Z, signifient beaucoup. La population demande à ce qu’on éclaire sur divers points, sur la gestion publique, sur des contrats miniers, sur des contrats de recrutement. L’eau c’est la vie, la santé, la qualité de l’éducation et autres. Depuis le changement de pouvoir, la région Atsimo Andrefana n’est plus classée dans la zone rouge, on entend moins des attaques de dahalo.
Que faut-il d’autres pour un réel changement dans la région Atsimo Andrefana ?
C’est dans la manière de faire de la politique d’abord. À comprendre dans le sens que c’est l’art de gouverner un peuple. Pour la paix et la stabilité, il est important de dissoudre l’assemblée nationale, actuellement composée à 80% de TGV et de partisans Orange. Il y en a dans la région Atsimo Andrefana. Ils ont encore leur vision politique ainsi que le leitmotiv qui les anime. Ce qui dénaturerait le changement envisagé avec la refondation du système à Madagascar. Par ailleurs, je souligne l’importance haute à donner aux critères d’éligibilité du prochain chef de région Atsimo Andrefana.
Quels doivent être ces critères selon vous ?
Technicien, connaissant au bout des doigts la région Atsimo Andrefana, il doit avoir de fortes compétences en leadership pour rassembler les forces vives de la région. Il y a encore des districts oubliés dans la région Atsimo Andrefana. Les neuf districts n’ont jamais été considérés de la même manière. Je viens du district d’Ampanihy qui est mal loti en toutes choses. La maternité est délabrée, l’hôpital n’est même pas clôturé et nombreuses personnes sont en insécurité alimentaire. Le district d’Antanimora dans la région Androy, créé cette année, est mieux considéré qu’Ampanihy qui existe depuis des lustres. On parle peu des districts de Benenitra, Beroroha, Ankazoabo alors qu’ils font partie intégrante d’Atsimo Andrefana. Sa vision pour la région doit être déclinée en des projets de développement importants, efficaces et réalistes. Quelqu’un qui serait capable de frapper sur la table face aux bailleurs et ONG qui fleurissent dans le Sud. Pas la moindre portion de la RN10 n’a été réhabilitée par les sociétés minières qui travaillent à Ampanihy et Fotadrevo alors que leurs camions abîment la route. Il nous faut quelqu’un qui saurait adapter « la pérennisation de la résilience ».
Vous vous êtes présentés aux élections législatives pour Ampanihy Ouest mais n’avez pas pu battre les députés élus actuels. Y-a-t-il une faille dans votre manière de faire de la politique ?
Je m’engagerais toujours dans la vie politique d’une manière ou d’une autre, aujourd’hui et pour les jours à venir, députation ou autres. Je n’appartiens pas à un parti politique spécifique, mais j’adhère à des structures dont la vision se rapproche de la mienne. Dernièrement, en 2024, je me suis présenté au nom de la plateforme « Firaisankina ».
Je peux juste dire qu’il y eut de l’écart quelque part. Mais je continuerais à œuvrer pour le développement d’Ampanihy.
Le changement dont le pays vit actuellement est-il opportun pour ériger un nouveau parti politique ?
Créer un parti politique est une question de mentalité et de vision. Le problème depuis ces années est qu’un parti politique devient la propriété d’un individu ou d’une famille alors qu’il devra œuvrer pour une communauté, une région, un pays. Les axes prioritaires des partis sont souvent éloignés des besoins réels de la population. Aussi, faut-il bien réfléchir sur la manière de faire de la politique et de comment la mener.
Mirana Ihariliva
