Le projet de nouvelle ville à Imerintsiatosika est à l’arrêt. Le vaste chantier s’est transformé en terres agricoles.
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| Claude, paysan, travaille la terre près de l’avenue. |
À Imerin-tsiatosika, le vaste chantier de la nouvelle ville Tanamasoandro a perdu toute allure urbaine. Le site a retrouvé son visage d’autrefois : un large espace agricole. Des paysans de la commune y ont délimité des parcelles pour les exploiter. Là où des panneaux annonçaient restaurants, boutiques et résidences, la terre a été retournée et des patates douces ont été plantées.
« La population ne pouvait plus cultiver. Les terrains que nous exploitions auparavant ont été intégrés au tracé de la route. C’était notre moyen de subsistance. Après les revendications menées en septembre, les terres ont été récupérées. Nous avons participé à cette lutte. Le maire d’Imerintsiatosika a indiqué qu’il était possible de reprendre des terres, et chacun a délimité ce qu’il pouvait cultiver », témoignent Claude et Haingo, rencontrés pendant qu’ils travaillaient leurs parcelles hier. Ils envisagent d’y planter du riz pour la prochaine saison.
Plusieurs parcelles sont déjà mises en culture. Les paysans ont pris soin de préserver les arbres plantés en janvier 2024. À quelques mètres de là, l’avenue déjà goudronnée sert désormais d’aire de séchage du paddy. L’ensemble des travaux est à l’arrêt. Les engins, les techniciens et même les agents de sécurité ont quitté les lieux.
Déserte
La cité des 320 logements, connue sous l’appellation de « trano mora », est, par ailleurs, totalement déserte. Il n’y a aucun signe de vie humaine, ni dans les habitations ni dans leurs cours, envahies par les mauvaises herbes. Les bâtiments se dégradent progressivement : vitres brisées, portes endommagées, certaines laissées ouvertes alors que personne n’y réside.« Les 980 hectares et les 340 hectares appartenaient au domaine de l’État et ne posaient pas de problème. En revanche, ce sont les 640 hectares de terrains expropriés qui ont motivé notre lutte. Grâce à Dieu, les travaux ont été totalement arrêtés. Cela ne signifie pas que les terres domaniales sont restituées, mais que les terrains privés ou faisant l’objet d’une expropriation sont rendus à leurs propriétaires », a déclaré le maire d’Imerintsiatosika, Parisoa Andriambolanarivo.
Pourtant, ce sont des terrains relevant du domaine de l’État, situés en plein cœur du chantier, qui sont aujourd’hui exploités par les paysans. Ceux que nous avons rencontrés sur place assurent qu’ils accepteront de libérer les lieux dès que l’État viendra reprendre possession de ses terres.
Interrogée sur l’avenir du projet, une source au sein du ministère de l’Aménagement du territoire et des Services fonciers, désormais en charge du projet après la dissolution du Secrétariat d’État chargé des Nouvelles villes et de l’Habitat, indique que les autorités vont donner des instructions à ce sujet.
Miangaly Ralitera
